A propos d'un nouveau rapport d'experts sur les substituts du chrysotile

LE PROBLEME DE LA BIOPERSISTANCE

Henri Pezerat *

Mars 2006


En novembre 2005 s'est tenu à Lyon, au Centre International de recherche sur le cancer, une réunion d'experts internationaux sur les mécanismes de la cancérogenèse liée aux fibres et sur l'évaluation des risques liés aux substituts du chysotile.

Le 31 janvier 2006 était publié le résumé du rapport de consensus adopté par les experts (1). Ce rapport est publié dans le contexte d'une situation internationale où continue à se développer une campagne mondiale, à l'initiative des producteurs de chrysotile

et de l'" International Chrysotile Association ", laissant croire à l'innocuité du chrysotile, sur la base de données concernant la biopersistance de ce minéral en milieu pulmonaire. D'où des déclarations d'hommes politiques québécois selon lesquelles un an après la fin d'une période d'inhalation de chrysotile de trois mois, " il ne reste aucune fibre, aucune séquelle dans l'organisme humain ", déclarations très graves en matière de santé publique, en contradiction avec de nombreuses données épidémiologiques, et qui impliquent donc de discuter des données expérimentales sur lesquelles elles s'appuient.

Ces données sont celles publiés par Bernstein et al, à partir d'expérimentations animales en inhalation, dans des études financées au départ par l'Union Carbide Corporation puis par les producteurs d'amiante.

Ce problème de la biopersistance étant abordé par le rapport de consensus, le présent commentaire permettra de faire le point sur cette question.

Plus globalement le rapport d'experts permet de renouveler l'approche de la cancérogénicité des fibres sur un certain nombre de points qui méritent d'être soulignés .

I - TESTS DE CANCEROGENICITE

A propos des expérimentations animales en inhalation avec les fibres :

" Des études avec l'amiante, il ressort que la sensibilité des études en inhalation de fibres chez le rat, est nettement plus faible que celle des humains, en ce qui concerne l'induction de tumeurs pulmonaires ".

Commentaire Henri Pezerat (HP) :

Soulignons ici que les études animales en inhalation avec le chrysotile ont eu tendance à sous-estimer les concentrations nécessaires pour induire un cancer du poumon chez l'homme.

A propos des tests de génotoxicité :

" Les tests de génotoxicité in vitro sont principalement révélateurs des effets génotoxiques impliqués dans les premières étapes d'initiation d'une tumeur. Les effets liés à la biopersistance des fibres, à la génotoxicité induite par des espèces radicalaires activées de l'oxygène et de l'azote, etc., ne sont pas détectés par les tests de génotoxicité en routine. Donc des résultats négatifs indiquant une absence de génotoxicité primaire n'excluent pas des effets dans les étapes ultérieures de la cancérogenèse ".

Commentaire (HP) :

En d'autres termes, il ne peut être question d'abandonner - en particulier dans le domaine des polluants inorganiques insolubles ou peu solubles - les expérimentations animales au profit des seuls tests de génotoxicité sur des cellules en culture, proposés en particulier au nom de la défense des espèces animales (rats, souris, hamsters).

 

II - FACTEURS CONDITIONNANT LE POUVOIR CANCEROGENE DES FIBRES

" La composition chimique des substituts du chrysotile est un facteur clef influençant leur structure et leurs propriétés physico-chimiques, telles l'étendue et la réactivité de surface des fibres, leur solubilité, etc.. L'attention devrait également être portée non seulement à la composition chimique des fibres (éléments majoritaires et éléments traces) mais aussi aux contaminants et aux impuretés, incluant leur spéciation. La formation de radicaux libres à partir de l'activité de surface favorise les mutations et les dommages à l'ADN. Les propriétés de surface sont un facteur déterminant dans la réponse inflammatoire de l'organisme. En relation avec la dimension des fibres et leur dépôt dans l'organisme, on peut considérer qu'il existe une variation continue dans le pouvoir cancérogène des fibres respirables qui s'accroît avec leur longueur. "

Commentaire (HP) :

Peu à peu il est enfin reconnu que les propriétés cancérogènes de certaines fibres ne sont pas dues à leurs seules caractéristiques dimensionnelles, même si on y ajoute leur persistance en milieu biologique. Plusieurs facteurs jouent un rôle dans l'existence et l'intensité des propriétés cancérogènes des fibres, le principal étant la réactivité de surface, facteur lié à la composition chimique et à la structure des fibres, et d'ailleurs de toute particule inhalable insoluble ou peu soluble (2, 3, 4). Les caractéristiques dimensionnelles et la biopersistance ne font qu'ajouter deux paramètres complémentaires.

A ce sujet il aurait été utile d'évoquer le rôle du fer divalent (et probablement celui du fer trivalent dans certaines coordinations) à l'interface entre fibre (ou particule) et milieu biologique. Le fer divalent, donneur d'électron, est en effet à l'origine de la formation d'espèces radicalaires oxygénées, très agressives, jouant obligatoirement un rôle en cancérogenèse. Ces ions Fe2+ sont en particulier présents en substitution du magnésium dans le chrysotile canadien et dans son principal contaminant, la némalite.

Par ailleurs reconnaître, comme l'on fait les experts, qu'il existe une variation continue des propriétés cancérogènes des fibres en fonction de leur longueur oblige à poser le problème, en prévention, de la nécessaire prise en compte des fibres de moins de 5 microns de longueur. De plus, en relation avec nos travaux (5, 6), ce rapport est une confirmation supplémentaire qu'en étude de cancérogenèse, rien ne justifie la seule prise en compte des fibres de plus de 20 µm de longueur.

 

III - ROLE DE LA BIOPERSISTANCE (ou durée de demie- vie des fibres en milieu pulmonaire).

" La biopersistance des fibres accroît la quantité déposée dans les tissus, et donc peut augmenter toute propriété toxique possédée par les fibres. Pour les fibres synthétiques vitreuses, il existe des preuves en expérimentation animale que leur pouvoir cancérogène s'accroît avec leur biopersistance. Cependant ceci n'a pas été démontré pour d'autres fibres. "

Commentaire (HP) :

Le rapport d'experts cité ci-dessus a l'intérêt de remettre le facteur de biopersistance à sa place, c'est-à-dire un paramètre parmi d'autres dans la chaîne de causalité qui conduit au cancer. L'importance de ce facteur n'a été démontrée que pour les fibres synthétiques fibreuses. Plus généralement ce facteur est lié à la composition chimique et à la structure des fibres et de leurs contaminants.

Relations entre biopersistance et composition chimique :

La relation entre biopersistance et composition chimique est évidente pour les fibres synthétiques vitreuses. Dans les laines minérales (laines de verre, de roche et de laitier) il y a des ions alcalins et alcalinoterreux (sodium, calcium, etc.) qui ont une forte affinité pour l'eau. Plus leur concentration dans le matériau sera forte, plus vite l'eau le désagrégera en milieu biologique, et donc plus la biopersistance sera faible. A l'opposé une concentration quasi nulle de ces ions dans les fibres céramiques réfractaires leur confère une plus longue durée de vie en milieu biologique.

Mais il n'est pas pour autant correct de considérer la biopersistance des fibres synthétiques vitreuses comme le seul paramètre conditionnant leur activité cancérogène, et nous l'avons montré par exemple dans une étude (4) portant sur six échantillons " historiques " de laines minérales, matériaux à faible biopersistance, fabriqués dans des entreprises où il a été possible de procéder à des enquêtes épidémiologiques. Les résultats étaient les suivants :

-Trois échantillons de laine de verre contenant moins de 0,4 % de fer divalent, sans activité fortement oxydante liée à des radicaux oxygénés, provenaient d'entreprises où il n'a pas été révélé l'existence d'excès de cancers du poumon parmi les travailleurs concernés.

-Trois échantillons de laine de roche, datant de 1949 à 1974, avec une nette activité dans la production en milieu aqueux de radicaux oxygénés très agressifs, classée dans le même ordre que le taux de fer divalent (de 6,75 à 12 % en FeO), provenaient d'entreprises où il avait été démontré un excès de cancer du poumon dans les populations concernées, excès décroissant avec la teneur en fer divalent dans les laines de roche.

Ces études montrent que même avec la faible biopersistance d'une laine de roche, il peut y avoir une activité cancérogène conséquente.

Relations entre biopersistance, structure et histoire des fibres :

Par ailleurs la relation entre biopersistance et structure peut être illustrée par l'exemple du chrysotile.

Selon les conditions géologiques régnant pendant et après la formation de ce minéral, on constate que les fibres sont plus ou moins longues et que leur structure est plus ou moins affectée par des défauts entraînant des ruptures de continuité dans le réseau cristallin, donc des zones de fragilité beaucoup plus aisément hydratables avec brisure des longues fibres en fibres courtes et dispersion des fibres en fibrilles élémentaires isolées ou en petit nombre. Un exemple de gisement où la structure des fibres a été très affectée lors des époques géologiques, probablement par lessivage, est celui de Calidria (USA) où le chrysotile non seulement n'a que des fibres très courtes mais a une surface externe trois à quatre fois supérieure à celle des autres chrysotiles commerciaux à fibres courtes, ce qui signifie non seulement des diamètres plus petits, mais aussi une porosité ouverte liée à de nombreux défauts structuraux. Il est évident qu'un tel échantillon a subi de réels outrages par lixiviation lors de son histoire géologique, et donc qu'il est fortement affecté de défauts structuraux qui vont le rendre très fragile en milieu biologique.

D'où les résultats de Berstein (7-13) révélant pour des chrysotiles de différents gisements (Canada, USA, Brésil) des valeurs différentes de biopersistance, résultats logiques, connus depuis longtemps et liés à l'histoire géologique de chaque gisement, ces différences pouvant même apparaître pour des échantillons extraits en différents points d'un même gisement.

Mais les modifications structurales survenues au long des périodes géologiques peuvent apparaître et même être très amplifiées lors des traitements des fibres en milieu industriel (phénomènes de torsion, par exemple dans le textile) et à fortiori en laboratoire, par broyage, autre traitement mécanique, traitement aqueux ou chauffage, toutes opérations génératrices de défauts structuraux qui seront autant de zones de grande fragilité lors des attaques par l'eau en milieu pulmonaire (14,15). D'où une relation évidente entre la nature et l'intensité de ces traitements préalables et le temps de demie vie des échantillons en milieu pulmonaire.

A ce stade on doit remarquer que dans tous ses articles Berstein ne s'étend pas, et même ne donne parfois aucun renseignement sur les traitements subis par les fibres avant leur utilisation en aérosol. Dans un article de 1994 (7), toujours cité au niveau des méthodes, il se réfère à une présélection des fibres longues par une méthode de sédimentation en milieu aqueux, ce qui aurait pour effet de diminuer l'activité de surface des échantillons. Dans un autre article de 2003 (9) sur le chrysotile canadien, il décrit une méthode de broyage par rotation à grande vitesse, particulièrement agressive pour la structure du minéral, où l'échantillon est projeté contre " a durable griding surface ", ce qui semble désigner une surface rugueuse. Mais dans les articles suivants (8, 10-13) les traitements préalables des fibres ne sont plus abordés que par référence aux deux premiers articles cités ci-dessus, ce qui conduit à beaucoup de questions sachant que lixiviation et broyage sévère peuvent détériorer gravement la structure et entraîner une diminution du temps de demie vie en milieu pulmonaire.

Par ailleurs la référence - dans les articles de Bernstein - aux protocoles d'études publiés par la Commission européenne pour évaluer la biopersistance des fibres minérales synthétiques ne nous apprend rien sur le traitement subi par les fibres avant formation de l'aérosol utilisé pour exposer les rats.

Les divergences entre auteurs sur la biopersistance des fibres de chrysotile :

Il existe une divergence très importante dans les temps de demie-vie des chrysotiles en milieu pulmonaire, publiés par Bernstein et al, et ceux publiés par d'autres équipes de chercheurs, les temps calculés par Bernstein étant toujours les plus faibles. Par exemple Kimizuka et al (16), Roggli et Brody (17), Roggli et al (18), à la différence de Bernstein ont observé une augmentation avec le temps de la longueur moyenne des fibres retenues dans le poumon ;

et Coin et al (19, 20) montrent une augmentation du nombre des fibres de chrysotile de plus de 16 µm de longueur en fonction du temps écoulé après arrêt de l'exposition.

La comparaison la plus intéressante est sans doute celle concernant le chrysotile canadien étudié à la fois par Berstein et al (9 et 12) et par Coin et al (19 et 20). Les deux groupes d'auteurs n'ont pas travaillé sur le même échantillon canadien. Et ils n'ont précisé, ni les uns ni les autres la nature des traitements subis par les fibres avant de former l'aérosol utilisé pour exposer les rats, ce qui est regrettable ! A noter cependant que Bernstein (13) donne des indications sur le traitement des fibres utilisées par Coin et al… mais sans référence !

Les résultats - un mois après l'exposition des animaux, (5 jours à 6h par jour chez Bernstein, 3h en un jour chez Coin) - sont totalement opposés. Le temps de demie-vie des longues fibres en milieu pulmonaire est court chez Bernstein (16 jours pour les fibres de plus de 20µm de longueur), alors qu'il est au minimum de 114 jours chez Coin (pour les fibres de plus de 16µm de longueur).

Coin et al précisent : " Dans cette étude le taux de clairance fondé sur la masse des fibres de plus de 16µm de longueur est très faible et non significativement différent de zéro ". Cette quasi stabilité dans le temps s'explique par une décroissance des diamètres moyens des fibres et une augmentation du nombre de longues fibres, phénomène dû à leur clivage longitudinal.

Dans la même étude, Coin et al montre que le taux de clairance des fibres est inversement lié à leur longueur, le temps de demie-vie des fibres de longueur 0,5 à 4 µm étant de l'ordre de 10 jours contre 114 jours pour les fibres de plus de 16 µm de longueur.

A l'inverse dans les études de Bernstein et al, les temps de demie-vie augmentent quand la longueur des fibres diminue. Dans l'étude sur le chrysotile on passe de 16 jours à 107 jours quand on compare les fibres de plus de 20µm de longueur à celles de moins de 5 µm.

Cette augmentation de temps de demie-vie est expliquée chez Bernstein par la cassure rapide des longues fibres, augmentant ainsi la charge pulmonaire en fibres courtes, donc ralentissant la clairance de ces dernières. Dans l'expérience de Coin et al, le nombre de fibres longues augmente par clivage longitudinal, c'est-à-dire par rupture des liaisons hydrogènes qui assurent la cohésion entre fibrilles au sein d'une fibre. Le nombre de fibres courtes est donc peu affecté par l'apport dû à la cassure des fibres longues. Quant à l'élimination des fibres courtes elle est logiquement accélérée par phagocytose puis transport et clairance via les macrophages.

Cette différence fondamentale entre les résultats des deux équipes ne peut être expliquée par une surcharge pulmonaire, en général évoquée pour une charge pulmonaire d'environ 1,5mg, alors que chez Coin et al la charge totale n'est que de l'ordre de 30µg, et que si surcharge il y avait dans les conditions de Bernstein, les temps de demie-vie seraient beaucoup plus longs. Cette différence ne peut non plus s'expliquer, comme l'avance Bernstein (13), par une trop forte concentration de fibres courtes dans le protocole de Coin, puisque dans cette étude, un jour après l'exposition, 32 % des fibres déposées ont une longueur inférieure à 4µm, alors que chez Bernstein c'est 88 % des fibres déposées, un jour après l'arrêt de l'exposition, qui ont moins de 5µm !

Il n'y a, semble-t-il, qu'une explication à ces résultats contradictoires, explication au niveau de la densité de défauts structuraux dans les fibres, défauts qui rompent la continuité structurale des longues fibres en créant, sur toute la longueur, des zones de fragilité génératrices de cassures transverses dès que les fibres sont en milieu aqueux.

Cette densité élevée de défauts transverses est soit le résultat de conditions géologiques très anciennes, soit le produit de prétraitements subis par les fibres.

Compte-tenu des temps de demie-vie obtenus par Bernstein, toujours faibles à très faibles, il apparaît très probable qu'ils sont largement liés à un traitement préalable des échantillons, générateur de multiples défauts et semi brisures tout au long des fibres longues.

Il est à remarquer que Bernstein et al ne se sont intéressés que très récemment (13) aux données publiées par Coin et al en 1992, tentant alors de mettre en cause un broyage trop sévère des fibres dans l'étude de Coin ! Si tel était le cas le résultat serait l'inverse de celui qui est observé puisqu'un tel traitement a pour premier effet d'augmenter le nombre de défauts de structure, fragilisant ainsi les longues fibres et augmentant le nombre de fibres courtes. Si un broyage trop sévère doit être évoqué, il ne peut l'être, au vu des résultats, que dans les études de Bernstein.

Ainsi Bernstein et al n'apparaissent pas à même de justifier leurs résultats par rapport à ceux de Coin, Roggli et Brody, ces deux derniers chercheurs étant des spécialistes de l'amiante, très connus, qui publient sur ce type de sujet depuis plus de 20 ans.

Une conclusion qui s'impose :

La seule conclusion possible est la non crédibilité des résultats de Bernstein et al sur les chrysotiles, résultats qui ne permettent pas de justifier les conclusions des auteurs (13), à savoir :

- Le chrysotile in vivo n'agirait pas comme une fibre, mais plutôt comme une particule.

- L'exposition au chrysotile ne pourrait générer de cancer qu'en cas de surcharge pulmonaire, donc de très fortes expositions.

Ceci étant, si la composition chimique, la réactivité de surface et les caractéristiques dimensionnelles sont telles qu'il puisse y avoir une agression oxydante des macromolécules biologiques - y compris l'ADN - sur certains organes cibles, la biopersistance peut jouer un rôle sur le temps pendant lequel cette agression peut s'exercer, sans qu'il soit nécessaire que ce temps soit de plusieurs mois ou de plusieurs années, surtout quand il y a renouvellement de l'exposition, jour après jour.

D'autant que rien ne permet d'affirmer que toutes les fibres biopersistantes conservent longuement leur pouvoir toxique originel en milieu pulmonaire. Selon leur composition et leur structure certaines fibres vont perdre très rapidement tout ou partie de leur activité de surface donc de leur pouvoir toxique, d'autres, au contraire pourront acquérir une nouvelle activité de surface suite à des interactions avec des entités endogènes, telles des ions fer.

Si les résultats de Berstein ne permettent aucune avancée scientifique, il est évident, par contre, qu'ils sont abusivement utilisés par le lobby international des producteurs d'amiante pour laisser croire à l'innocuité du chrysotile, entreprise criminelle qui aujourd'hui, vise essentiellement à sacrifier la santé des travailleurs des pays émergents où les conditions de vie et de travail ne permettent aucune enquête épidémiologique.

 

IV - A PROPOS DES SUBSTITUTS DU CHRYSOTILE

Les experts ont décidé de les regrouper en trois classes de risque, élevé, moyen et faible. Pour certains matériaux les experts n'ont pas pu, faute de données, procéder à une telle évaluation. Dans un tel cas le risque est classé comme indéterminé. Les résultats sont résumés dans le tableau ci-dessous.

On remarquera que les experts n'ont pas retenu d'exemples de risque nul et qu'il reste un trop grand nombre de risques " indéterminés " faute d'études suffisantes !

Nature des fibres
Evaluation du risque
Fibres de para aramide
Moyen
Attapulgite
Elevé pour fibres longuesFaible pour fibres courtes
Fibres de carbone
Faible
Fibres de cellulose
Indéterminé
Whiskers de graphite
Indéterminé
Whiskers de sulfate de magnésium
Faible ou indéterminé
Fi bres de polyéthylène, de chlorure de polyvinyle, d'alcool polyvinylique et de polypropylène
Indéterminé
Fibres d'octotitanate de potassium
Elevé
Laines minérales et fibres céramiques, vitreuses
Elevé pour longue biopersistanceFaible pour faible biopersistance
Wollastonite
Faible
Xonotlite
Faible

Bibliographie

(1) http: //www.who.int/ipis/publications/new issues/summary report.pdf

(2) Zalma R., Bonneau L., Guignard J., Pezerat H., Jaurand M. C. (1987). Formation of oxy-radicals by oxygen reduction arising from the surface activity of asbestos. Can. J. Chem., 65, 2338-2341.

(3) Bonneau L., Suquet H., Malard C., Pezerat H. (1986). Studies of surface properties of asbestos. I. Active sites on surface of chrysotile and amphiboles. Environ. Res. 41, 251-267.

(4) Fournier J., Guignard J., Nejjari A., Zalma R., Pezerat H. (1991). The role of iron in the redox surface activity of fibers. Relation to carcinogenicity. In " Mechanisms in fibre carcinogenesis ", Plenum Press, 407-414.

(5) Bertrand R. et Pezerat H. (1980). Fibrous glass : carcinogenicity and dimensional characteristics. In " Biological effects of mineral fibres ", Vol. 2, IARC Scient. Publ. n° 30, 901-911.

(6) Bonneau L., Malard C., Pezerat H. (1986). Studies on surface properties of asbestos. II. Role of dimensional characteristics and surface properties of mineral fibers in the induction of pleural tumors. Environ. Res. 41, 268-275.

(7) Berstein, D. M., Mast R., Anderson R., Hesterberg TW., Musselman R., Kamstrup O., Hadley J. (1994). An experimental approach to the evaluation of the biopersistence of respirable synthetic fibers and minerals. Environ Health Perspect 102 Suppl 5 :15-18.

(8) Berstein, D. M., Chevalier J., Smith P. (2003). Comparison of Calidria chrysotile asbestos to pure tremolite : inhalation biopersistence and histopathology following short-term exposure. Inhal. Toxicol. 15 (14) :1387-419.

(9) Berstein, D. M., Rogers, R. and Smith P. (2003). The biopersistence of Canadian chrysotile asbestos following inhalation. Inhal. Toxicol. 15 (13) :1247-1274.

(10) Berstein, D. M., R. Rogers and P. Smith. (2004). The biopersistence of Brazilian chrysotile asbestos following inhalation. Inhalation Toxicology 16 (9) : 745-761.

(11) Berstein, D., J. Chevalier and P. Smith (2005). Comparison of Calidria Chrysotile Asbestos to Pure Tremolite : Final Results of Inhalation Biopersistence and Hispathology Examination Following Short-Term Exposure. Inhal. Toxicol 17(9) : 427-449.

(12) Berstein, D. M., R. Rogers and P. Smith (2005). The biopersistence of Canadian chrysotile asbestos following inhalation : Final Results Through 1 Year After Cessation of Exposure. Inhal Toxicol 17 (1) : 1-14.

(13) Berstein, D. M., Rogers R., Smith P., Chevalier J. (2006). The toxicological response of Brazilian chrysotile asbestos : A multidose sub-chronic 90-day inhalation toxicology study with 92 day recovery to assess cellular and pathological response. Accepté dans Inhal Toxicol 18 (4) fev 2006.

(14) Zalma R., Guignard J., Pezerat H., Jaurand M. C. (1989). Production of radicals arising from surface activity of fibrous minerals. In " Effects of mineral dusts on cells ". Springer Verlag ed., 257-264.

(15) Suquet H. (1989). Effects of dry grinding and leaching on the crystal structure of chrysotile. Clays and clay minerals, 37, 5, 439-445.

(16) Kimizuka G., Wang N. S., Hayashi Y. (1987). Physical and microchemical alterations of chrysotile and amosite asbestos in the hamster lung. J. Toxicol. Environ. Heatlth. 21, 261-264.

(17) Roggli V.L., Brody A. R. (1984). Changes in number and dimensions of chrysotile asbestos fibers in lungs of rats following short-term exposure. Exp. Lung Res. 7, 133-147.

(18) Roggli V. L., George M. H., Brody A. R. (1987). Clairance and dimensional changes of crocidolite asbestos fibers isolated from lungs of rats following short-term exposure. Environ. Res. 42, 94-105.

(19) Coin P. G., Roggli V. L., Brody A. R. (1992). Deposition, Clearance and Translocation of chrysotile asbestos from peripheral and central regions of the rat lung. Environ Res. 58, 97-116.

(20) Coin P. G., Roggli V. L., Brody A. R. (1994). Persistence of long, thin chrysotile asbestos fibers in the lungs of rats. Environ. Health Pespect., 102, Sup 5, 197-199.

 

(*) Directeur de recherche honoraire au CNRS. henri.pezerat@tele2.fr