(Ancienne d'Amisol)
Ce n'est que de l'asthme
Après trois mois d'attente, je viens enfin de recevoir le résultat d'expertise du Dr Fraysse. Je suis profondément choquée et humiliée au vu de ces résultats, tout est déformé.
Tout d'abord, le Dr Fraysse s'est attardé sur des maux sans aucun lien avec l'expertise. Ainsi, dès mon entrée dans son cabinet il m'a questionnée au sujet de mon problème de pied que j'ai du justifier, sans parler des explications que j'ai du fournir à propos de mon traitement relatif au cancer du sein (2005), pour enfin s'intéresser au traitement en rapport à ma respiration.
Tout au long de l'entretien, il n'a cessé de minimiser mes dires : " ce n'est que de l'asthme ", malgré mes témoignages.
Lorsque je suis entrée à la Polyclinique après Amisol, la surveillante major me faisait faire des aérosols tant j'avais du mal à respirer, j'avais encore de la poussière d'amiante plein le nez et les poumons, j'avais aussi des fibres d'amiante invisibles dans les mains qui me piquaient sans cesse, ce qui m'a handicapée dans mon travail de lingère pendant plusieurs années.
Ma vie après mes activités chez Amisol a été rythmée par des infections bronchiques, des toux nocturnes et des difficultés respiratoires en permanence, sans parler du préjudice moral du travail à l'amiante, je n'ai jamais osé parler à mon médecin traitant de mes six années passées à Amisol.
Non, je ne suis pas la petite grand-mère heureuse au poids stable, sans anomalie pulmonaire, sans préjudice moral, sans préjudice d'agrément, sans aucun préjudice. J'aimerais pouvoir promener mon chien, faire mon jardin, faire des balades avec mes surs. Je ne peux plus aller voir mes petits enfants. Voilà d'ailleurs un point que l'expert n'a pas oublié de notifier. " La patiente revient d'Angleterre ". J'ai eu la franchise de préciser que j'avais fait ce voyage pour assister au mariage de mon petit-fils. J'étais bien sûr accompagnée de mes enfants. On ne peut pas se couper du monde et se priver de ces évènements, même si cela cause beaucoup de difficultés, d'angoisse. Circuler dans un aéroport quand on a du mal à respirer, batailler pour s'endormir tous les soirs tellement la toux vous secoue et vous panique. Je l'ai dit à l'expert mais il n'a pas dû vouloir l'entendre.
Je fais état d'une souffrance quotidienne et je ne suis pourtant pas de nature à me plaindre. Même balayer la maison est une épreuve. Aussi, lorsque l'expert me dit : " tout va bien ", je ne peux pas rester silencieuse.
Fait à Luzillat le 30 octobre 2007