Jeanne JURY

 (Ancienne d'Amisol) 

 

 

En 2001 on m'a découvert une fibrose pleurale puis, devant l'aggravation de ma toux, mes difficultés respiratoires qui empiraient. 

Une thoracotomie droite a été faite mi-janvier 2002 pour réalisation d'une pleurectomie. 

On a confirmé une fibrose pleurale, puis on m'a prescrit de la kiné respiratoire. J'ai passé des moments terribles de douleurs incroyables, d'angoisse. Je n'ose pas décrire ce que j'ai vécu après l'opération. Mais j'ai vraiment connu le pire. 

La Sécurité Sociale m'a reconnue à 30% d'I.P.P. en 2003. 

Depuis mon état s'est dégradé. Il paraît qu'il est très rare qu'une asbestose n'évolue pas. Aussi, en 2006, le pneumologue a constaté une aggravation et demandé une réévaluation de mon taux d'I.P.P. 

La Sécurité Sociale a jugé utile de m'envoyer passer une expertise chez le Docteur FRAYSSE le 18 juin 2006. J'ai donc été convoquée chez ce pneumologue, et cela ne s'est pas bien passé. 

Il m'a fait entrer dans son cabinet. Je lui ai dit que j'avais une lettre de mon généraliste et du pneumologue qui me suit. Je lui ai donné mes radios, mes scanners. Ce docteur m'a à peine examinée et, constatant que je prenais du BRICANYL, il m'a tout de suite dit que j'avais de l'asthme. Je n'ai pas d'asthme du tout et si je prends ce médicament c'est pour m'aider à respirer, à ouvrir mes poumons. Il n'a rien voulu entendre, rien voulu savoir. Il m'a dit et redit que j'avais de l'asthme. Je lui ai expliqué que le BRICANYL m'aidait, soulageait mes douleurs. J'ai expliqué ce que j'avais vécu, ce que je vivais tous les jours. 

D'ailleurs, le Médecin, que j'avais vu, suite à la demande d'expertise ordonnée par le T.A.S.S. (Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale), avait constaté mes souffrances, compris mes douleurs, consulté mon dossier. Il avait même été impressionné par mon itinéraire.

Mais à aucun moment ni lui, ni les autres médecins que j'avais vus ne m'avaient parlé d'asthme. 

Le Docteur FRAYSSE m'a gardée quelques minutes, 15 au grand maximum. Il s'est montré très désagréable, s'est buté sur l'asthme et n'a pas voulu en sortir. 

Il a conclu que j'allais bien, que mon état ne s'était pas aggravé. 

Pourtant, rien que les cicatrices dues à mon opération sont encore très douloureuses. Je prends des calmants en permanence. Ma vie est complètement modifiée. Je ne sors plus ou si peu ! En tout cas je ne souhaite jamais revoir cet " expert ". 

Pour moi, je ne considère pas ce monsieur comme " un médecin ". Cette consultation a été une épreuve. C'est pourtant simple d'écouter les gens, d'essayer de comprendre ce que l'on vit, ce que l'on ressent et ce que l'on tente de dire. 

Ce n'est pas de ma faute. Je souffre. Je suis atteinte d'amiante. Il n'a qu'à s'en prendre à ceux qui nous ont mis dans cet état.

 

Fait à Clermont-Ferrand le 20 mars 2007


 

Témoignage complémentaire :

 

A la suite de l'expertise du Dr FRAYSSE, Pneumologue, la Caisse Primaire a refusé l'aggravation de mon taux d'I.P.P.. J'ai donc fait appel auprès du Tribunal du Contentieux de l'Incapacité. Ce dernier a diligenté une NOUVELLE EXPERTISE auprès de Mme le Dr GABRILLARGUES, Pneumologue. Ce Médecin a constaté une aggravation chiffrée à 10 % supplémentaires, soit un total de 40 %. 

Je communique ci-dessous un extrait de l'expertise du Dr GABRILLARGUES en contradiction complète avec l'interprétation du Dr FRAYSSE : 

" on note qu'elle ne présente aucun antécédent de lignée allergique, qu'elle n'a jamais présente d'asthme ou de dyspnées asthamatiforme ou de signes de bronchite chronique.

Il est quand même inquiétant de voir autant d'avis divergents, d'être au centre de ces contradictions médicales cela nous déstabilise, nous perturbe encore plus et nous n'avons vraiment pas besoin de cela. Victime de l'Amiante, cela nous suffit largement. 

Personnellement je ne peux plus supporter ces expertises accusatrices, un tel manque de respect, de considération c'est intolérable.