M. Gérard OZANNE 

 

L'expert c'est moi, et chacun pense ce qu'il veut

 

Convoqué fin Février 2006 pour une expertise médicale, ordonnée par la Cour d'Appel de Riom, je me suis rendu au Cabinet du Dr FRAYSSE à Beaumont.

Atteint d'une pachypleurite (maladie professionnelle). A cette époque mon handicap est fixé à 40 %. Comme tout malade, après m'être présenté je m'attends à un accueil correct, digne d'un médecin, mais au moins d'être reçu humainement.

Après y avoir été invité, j'entre dans son cabinet et là, stupéfaction une odeur tabagique incroyable me suffoque. Il faut convenir que pour des personnes souffrant de complications pulmonaires ce n'est pas la panacée. 

Sans me saluer, ce docteur me propose un siège et après avoir lu la demande formulée par le Tribunal il m'assaille de questions, toujours sur la forme négative. Cela m'indique immédiatement l'orientation de l'interrogatoire. Les questions fusent et ne laissent que très rarement place à mes explications. Ce médecin n'est visiblement là que pour se satisfaire de ses questions parfaitement rôdées pour lesquelles à l'évidence il a la réponse toute prête. 

Las de cette litanie, je lui propose l'historique de ma maladie que j'avais pris soin de rédiger afin d'expliquer clairement les choses et ne rien oublier, ni dans la chronologie ni dans l'évolution de la maladie. C'est tout juste s'il daigne en prendre connaissance. A cet instant vraiment j'ai senti passer du mépris. Très étonné par ce comportement je lui ai fait remarquer que les réponses à ces interrogations étaient toutes consignées dans mon " historique " et que cela était appuyé par tous les actes et rapports médicaux émanant des pneumologues et professeurs chef de service du CHU ainsi que du cardiologue qui établissaient dès 1995 la corrélation entre mes embolies pulmonaires répétitives avec des lésions d'origine pulmonaire. 

Ce médecin expert, probablement courroucé pour ce qu'il a l'air de prendre pour de la défiance me rétorque sur un ton déplaisant et péremptoire : " l'expert c'est moi ". 

Sans me départir je lui réponds : " Personnellement j'ai benoîtement cru qu'en consultant des praticiens spécialistes j'avais consulté ceux qui étaient capables de découvrir et soigner ma pathologie" et je découvre qu'un expert pourtant médecin et spécialiste et capable d'un autre jugement : il juge : et les médecins qui me soigne et ma maladie, et moi. Quelle qualification. 

Cette passe d'arme terminée il a repris ses questions insidieuses, par exemple : j'explique la douleur sourde, semi circulaire, quasi permanente partant de la colonne vertébrale pour rejoindre le sternum ayant comme conséquences l'effet d'une crampe que le Professeur ESCANDE qualifie d'irritation des nerfs, qui de cause à effet, comprime la plèvre. L'expert m'écoute discrètement et me rétorque : chacun pense ce qu'il veut ! 

Son rapport sera concis, mais systématiquement il minimisera, voire tronquera les conclusions des autres médecins, à savoir : …. Il y a effectivement des plaques pleurales, un épaississement pleural associé à une " petite " pleurésie ; Les épaississements pleuraux ont pour conséquence d'appuyer sur le parenchyme pulmonaire, cela entraîne des troubles ventilatoires secondaires : " peu importants ". Il ajoutera que mon IPP est très largement indemnisée et qu'elle doit être maintenue ? Que les souffrances endurées ne peuvent être envisagées qu'eu égard à l'anxiété. Que le préjudice d'agrément est nul, que le seul stigmate de la maladie professionnelle, non douloureux, non inflammatoire concerne la cicatrice de la thoracotomie.

Cette espèce de verbiage est bien peu digne d'un homme qui a prononcé le serment d'Hippocrate. 

Moralité : mieux vaut être suivi par des praticiens qui vous soignent que vu par des experts qui vous jugent. Et si je peux me permettre la maxime de Chateaubriand " on n'est pas juge de la peine d'autrui ". 

Espérance : que ce témoignage aide à faire cesser ces agissements, ces excès tendancieux, ces pouvoirs souverains.

 

P.S. : une autre expertise a été commise dans le même temps les résultats sont à contrario de celle du Docteur FRAYSSE (comprenne qui pourra)