Communiqué de presse - 18 septembre 2008

Dans quelles conditions est-il prévu de démanteler le Clemenceau en Angleterre ?

Plusieurs projets français de démantèlement avaient été proposés au gouvernement français, projets ouvrant la voie au développement d'une activité de démantèlement des navires civils et militaires dans des conditions garantissant la santé des travailleurs et le respect des normes environnementales.

Or, le 1er juillet 2008, le Ministère de la Défense a fait savoir qu'il retenait la proposition de la firme anglaise Able UK, exclusivement pour une raison … de coût ! Able UK propose de réaliser l'ensemble des opérations pour 2 millions d'euros, soit 10 à 15 fois moins que les projets Veolia à Bordeaux et Suez en Belgique, le projet brestois ayant été écarté d'emblée.

Cette décision rappelle étrangement celle dénoncée par le Conseil d'Etat qui, en février 2006, reprochait à l'Etat Français une logique purement financière, là où était en jeu la protection de la santé des travailleurs et celle de l'environnement.

Depuis lors, en France, un autre navire, le porte - container " Rokia-Delmas ", échoué au large de la Rochelle en octobre 2006, a été ramené à terre en vue du désamiantage et du démantèlement (http://www.premar-atlantique.gouv.fr/galeries/Rokia-Delmas). Le coût du désamiantage du seul " château " de ce navire coûtera plus de 3 millions d'euros. L'expérience de nombreux chantiers de désamiantage en France montre qu'il est rigoureusement impossible de désamianter puis démanteler le Clemenceau, dans des conditions de sécurité, au coût annoncé par Able UK…. sauf à le faire aux conditions de l'Inde ou du Bengladesh ! L'offre d'Able UK dissimule donc une opération à priori suspecte.

Quelles sont les garanties offertes par Able UK de respecter les règles du cahier des charges imposées - nous dit-on - par le Ministère français de la défense dans l'appel d'offres en vue de la décontamination et du démantèlement de la coque Q790 ? Quelles seront les procédures de contrôle de l'application stricte de ces règles sur le chantier anglais ?

L'association Ban Asbestos-France lance un appel aux organisations et syndicats anglais pour qu'ils se mobilisent contre le projet d'un démantèlement - certes réalisé en Europe ! - mais au rabais, à la faveur d'une sous-traitance probable des risques vers des travailleurs n'ayant pas les moyens d'exiger le respect de leurs droits et de leur dignité.