Communiqué de presse du 15 janvier 2005

ARDEVA Sud-Est (Toulon/Var), SYNDICAT CGT de la DCN de Toulon et BAN ASBESTOS FRANCE


Le désamiantage du Clemenceau :

Une opération sans réel contrôle et une exportation illégale de déchets

 

Par une lettre ouverte à la Ministre des Armées en date du 20 décembre 2004, les organisations soussignées ont tenté d'alerter l'opinion publique sur deux points :
- les conditions anormales dans lesquelles se déroule actuellement le désamiantage du porte-avions Clemenceau,

- l'exportation prévue vers l'Inde de 22 tonnes de déchets d'amiante au mépris de la santé des travailleurs indiens.

Faute de réponse de la Ministre, il nous semble indispensable de revenir sur ces deux points.

La protection des travailleurs sur l'actuel chantier paraît nettement insuffisante.

Les photos parues dans la presse (cf. par exemple La Marseillaise du 5 janvier 2005) montrent des travailleurs ne portant que des demi-masques, très insuffisants pour les opérations de désamiantage, d'où l'inquiétude sur les réelles conditions de travail.

Il est indispensable que ces travaux soient sévèrement contrôlés, le désamiantage des navires étant une opération particulièrement polluante. D'où la nécessité d'une inspection du chantier par exemple par l'INRS ou un service de prévention des CRAM.

L'envoi de 22 tonnes de déchets d'amiante en Inde est illégal.

Le règlement (CEE) n° 259/93 du Conseil du 1er février 1993 stipule (art. 14) que " sont interdites toutes les exportations de déchets destinés à être éliminés, à l'exception de celles effectuées vers les pays de l'Association européenne de libre échange (AELE) qui sont également parties à la Convention de Bâle. "

Or, l'amiante est classé dans la liste rouge (annexe IV) du même règlement communautaire, et d'évidence il s'agit d'un déchet destiné à être éliminé.

Par ailleurs, l'Inde n'est pas membre de l'AELE. Enfin, la Convention de Bâle du 22 mars 1989 sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination, signée par la France et l'Inde, prévoit que (article 4-9-a) ces mouvements sont interdits si l'état exportateur dispose des moyens permettant l'élimination de ces déchets.

Or, l'élimination de l'amiante dans les bateaux - opération particulièrement complexe et difficile si on veut qu'elle soit réalisée sans danger - n'est ni réglementée, ni contrôlée en Inde de façon à éliminer tout danger pour les travailleurs et pour l'environnement.

Ce même point sur l'élimination sans danger pour la santé humaine est repris dans la réglementation française à l'article L-541-40 qui traite de l'exportation des déchets dans le Code de l'environnement, article dont la méconnaissance est pénalement sanctionnée. On ne peut donc se satisfaire des bonnes paroles de l'administration française (les Domaines) et de l'entreprise indienne, signataires du contrat.

Dans l'état actuel du dossier, il nous apparaît que l'envoi du Clemenceau en Inde pour démolition avec 22 tonnes de déchets d'amiante à bord est illégal, et qu'en conséquence, la totalité du désamiantage doit être réalisée en France.