Alors que
Clemenceau fait route vers l'Inde, Viaju Navarane,
correspondante à Paris du grand quotidien national
indien The Hindu , rend publiques des informations de
première main, les unes provenant de la Cour
Suprême indienne, les autres du directeur et d'un
cadre de la société Technopure qui a
procédé au désamiantage partiel du
Clemenceau à Toulon. Les articles cités
sont parus samedi 31 décembre 2005 et dimanche 1er
janvier 2006.
Deux interviews
du comité de la Cour Suprême sur les
déchets dangereux
(http://www.thehindu.com/200(/12/31/stories/2006010119810100.htm)
" Contacté
de Paris par The Hindu, le Dr. G.Thyagarajan,
président du comité de la Cour
Suprême sur les déchets dangereux, a
déclaré : " C'est une approche vraiment
inintelligente. Un navire de guerre est un container
comme un autre. Quand on se rapporte à la
convention de Bâle, celle-ci parle de
matériaux toxiques sans désigner
spécifiquement les navires. Nous devons avoir une
approche pragmatique. Il ne faut pas ergoter. Ma position
est qu'il ne devrait y avoir ni importation ni
exportation de déchets. Nous attendons des pays de
l'OCDE telle que la France, signataires de la convention
de Bâle, qu'ils assument leur responsabilité
morale et s'assurent qu'ils n'autorisent pas l'envoi de
quoi que ce soit contenant des déchets toxiques
vers des pays amis. "
[
]
Quant au Dr.
Claude Alvarez, membre du même comité, il a
déclaré à The Hindu : "S'il y a 40
tonnes d'amiante à bord, je ne pense pas que nous
pourrons le gérer. Le Comité se
réunit de nouveau le 6 janvier et nous devons
chercher à obtenir des garanties du gouvernement
français concernant le fait que l'amiante qui
serait retiré en Inde soit renvoyé en
France. Sans une telle assurance, il ne serait pas sage
que le gouvernement français autorise le bateau
à quitter la France."
Le Clemenceau
contient plus de 500 tonnes d'amiante
(http://www.thehindu.com/2006/01/01/stories/2006010119810100.htm)
"Le bateau est
destine à un chantier de
démantèlement à Alang dans
l'état de Gujarat. Le prix de l'acier provenant du
navire est estimé à 8 millions
€.
Le gouvernement
français déclare que la quantité
estimée d'amiante était de 160 tonnes, dont
115 tonnes auraient été retirées.
Ceci est contesté par les différents
militants environnementalistes. Le porte-parole du
ministère français de la défense,
Jean Francois Bureau, a déclaré aux
journalistes: "Nous avons enlevé tout l'amiante
visible, friable et accessible, en ne laissant que le
minimum nécessaire à la navigabilité
du navire."
Dans un entretien
à The Hindu , Jean-Claude Gianino, le directeur de
Technopure, l'entreprise qui avait été
retenue pour assurer à Toulon la
décontamination du bateau, a décidé,
pour des raisons morales, de rompre la clause de
confidentialité qui la liait dans le cadre de son
contrat avec la SDIC. Dans l'entretien à The Hindu
Jean-Claude Gianino précise : "la première
note technique détaillée que j'ai
reçu de SDI sur l'état du Clemenceau
indiquait qu'il y avait au moins 200 tonnes d'amiante
à bord. Mon entreprise en a enlevé 70
tonnes. Nous en avons les preuves par les bordereaux de
la décharge [où les déchets ont
été stockés]. Nous aurions pu
enlever beaucoup plus que 115 tonnes sans risquer de
compromettre la navigabilité du navire. Par
exemple, la cheminée, les catapultes
latérales et d'autres espaces du bateau auraient
pu être décontaminées ou
démantelées, tels les ponts - soit 30 000
m2 - sans altérer la structure du navire.
L'estimation faite par mes ingénieurs est qu'il y
a beaucoup plus d'amiante à bord que quiconque
peut l'imaginer. Je peux dire avec certitude que le
bateau contient plus de 500 tonnes d'amiante. Et une fois
démantelé il pourrait en apparaître
jusqu'à 1000 tonnes. ".
Eric Baudon,
directeur des ventes à Technopure, a
également accordé un entretien exclusif
à The Hindu : " Nous disposons d'une analyse assez
détaillée de la constitution du bateau et
je peux vous donner la liste des lieux où
l'amiante aurait pu être retiré sans
beaucoup de difficultés et sans porter atteinte
à la structure ou à la navigabilité
du navire. Il y a des colles et des peintures contenant
de l'amiante, connues sous les noms de Bitumastic et
Bitulatex. Les sols en sont couverts. Cela
représente au moins 125 tonnes d'amiante seulement
pour les sols. Il y a 300 tonnes de câbles
contenant du plomb et de l'amiante. Ces câbles
aussi auraient pu être retirés sans porter
atteinte à la structure. Les chaudières
sont pleines d'amiante : entre 70 et 100 tonnes. Les
collecteurs en haut des chaudières et les tuyaux
à l'intérieur des cheminées sont
également pleins d'amiante et auraient pu
être retirés sans danger."
Ces
informations viennent renforcer notre
détermination à porter le litige devant le
conseil d'Etat. Elles doivent également peser sur
les décisions qui doivent être prises en
Inde, en particulier le 6 janvier.