Une
fois encore : démission des politiques face aux
employeurs
Hier 28 juin se
tenait les premières rencontres parlementaires "
Santé au travail " sous le titre " Après
l'amiante, quelle prévention des risques
professionnels ? Quelle indemnisation des victimes ? ",
sous la houlette de Jean Le Garrec, président de
la mission d'information de l'Assemblée nationale
sur les problèmes de l'amiante.
Les
députés organisateurs de cette rencontre se
devaient de la co-organiser et d'en prévoir le
programme avec divers interlocuteurs, en premier lieu les
victimes et leurs associations, en second lieu les
ministères et institutions
concernés.
Au lieu de cela,
fidèles au rapport qu'ils avaient voté et
qui exonérait de toute responsabilité dans
le drame de l'amiante employeurs et pouvoirs publics, ils
ont co-organisé cette rencontre avec les patrons
des entreprises de désamiantage. Que le syndicat
des entreprises de traitement de l'amiante participe aux
débats sur la prévention est une chose,
surtout compte tenu des conditions de travail sur ces
chantiers loin d'être satisfaisantes, que ce
syndicat et des entreprises de désamiantage
co-organisent et financent cette rencontre et à ce
titre occupent une place prépondérante dans
les débats en est une autre. Ce mélange des
genres est inadmissible.
Il est vrai
qu'après avoir mis de l'amiante partout, les
anciens responsables du secteur de l'amiante sont bien
placés pour savoir le retrouver. C'est ainsi que
parmi les entreprises du secteur du diagnostic de
l'amiante en place, on trouve par exemple un laboratoire,
le LHCF, dirigé par M. Daniel Bouige, ex
responsable de l'Association française de
l'amiante, l'organisation patronale du secteur amiante
dans les années 1980-90 !
La boucle est
bouclée : hier c'était le patronat des
entreprises productrices et utilisatrices d'amiante et
leur Comité Permanent Amiante qui
définissait la politique de l'Etat face à
ce matériau, aujourd'hui certains voudraient que
ce soit le MEDEF et les entreprises de
désamiantage. La démission des politiques,
orchestrée par M. Le Garrec, ne fait que
continuer
Inutile donc de
préciser que ces messieurs, à l'exception
de M. Claude Got, étaient là pour tourner
la page, rejeter toute perspective de procès au
pénal et en faute inexcusable de l'employeur,
déplorer le coût de la réparation et
du fonds de cessation anticipée d'activité
des travailleurs de l'amiante, dénoncer, comme a
osé le faire le représentant du MEDEF ( M.
Pellet ) la réparation en maladie professionnelle
des fibroses pleurales, et n'aborder les questions de
prévention que de façon superficielle en
les reportant à un avenir
indéterminé.
Une rencontre qui
témoigne du mépris de la grande
majorité des politiques pour les victimes et leur
famille. Il n'y aura de réelles mesures de
condamnation des coupables, de réparation et de
prévention qu'imposées par la lutte des
victimes avec leurs associations et leurs
syndicats.