Communiqué de presse du 29 juin 2006

BAN ASBESTOS FRANCE 


Une fois encore : démission des politiques face aux employeurs

 

Hier 28 juin se tenait les premières rencontres parlementaires " Santé au travail " sous le titre " Après l'amiante, quelle prévention des risques professionnels ? Quelle indemnisation des victimes ? ", sous la houlette de Jean Le Garrec, président de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur les problèmes de l'amiante.

Les députés organisateurs de cette rencontre se devaient de la co-organiser et d'en prévoir le programme avec divers interlocuteurs, en premier lieu les victimes et leurs associations, en second lieu les ministères et institutions concernés.

Au lieu de cela, fidèles au rapport qu'ils avaient voté et qui exonérait de toute responsabilité dans le drame de l'amiante employeurs et pouvoirs publics, ils ont co-organisé cette rencontre avec les patrons des entreprises de désamiantage. Que le syndicat des entreprises de traitement de l'amiante participe aux débats sur la prévention est une chose, surtout compte tenu des conditions de travail sur ces chantiers loin d'être satisfaisantes, que ce syndicat et des entreprises de désamiantage co-organisent et financent cette rencontre et à ce titre occupent une place prépondérante dans les débats en est une autre. Ce mélange des genres est inadmissible.

Il est vrai qu'après avoir mis de l'amiante partout, les anciens responsables du secteur de l'amiante sont bien placés pour savoir le retrouver. C'est ainsi que parmi les entreprises du secteur du diagnostic de l'amiante en place, on trouve par exemple un laboratoire, le LHCF, dirigé par M. Daniel Bouige, ex responsable de l'Association française de l'amiante, l'organisation patronale du secteur amiante dans les années 1980-90 !

La boucle est bouclée : hier c'était le patronat des entreprises productrices et utilisatrices d'amiante et leur Comité Permanent Amiante qui définissait la politique de l'Etat face à ce matériau, aujourd'hui certains voudraient que ce soit le MEDEF et les entreprises de désamiantage. La démission des politiques, orchestrée par M. Le Garrec, ne fait que continuer

Inutile donc de préciser que ces messieurs, à l'exception de M. Claude Got, étaient là pour tourner la page, rejeter toute perspective de procès au pénal et en faute inexcusable de l'employeur, déplorer le coût de la réparation et du fonds de cessation anticipée d'activité des travailleurs de l'amiante, dénoncer, comme a osé le faire le représentant du MEDEF ( M. Pellet ) la réparation en maladie professionnelle des fibroses pleurales, et n'aborder les questions de prévention que de façon superficielle en les reportant à un avenir indéterminé.

Une rencontre qui témoigne du mépris de la grande majorité des politiques pour les victimes et leur famille. Il n'y aura de réelles mesures de condamnation des coupables, de réparation et de prévention qu'imposées par la lutte des victimes avec leurs associations et leurs syndicats.