Le 26
juillet 2006 la Cellule interrégionale
d'épidémiologie d'Ile de France (CIRE) dans
un rapport provisoire, a rendu compte des
résultats de son étude sur " la validation
d'un signal sanitaire d'origine environnementale ",
autour du CMMP. Cette ancienne usine, située
à Aulnay-sous-bois, a broyé
différents minéraux, dont l'amiante en
grande quantité pendant des
décennies
En l'occurrence,
il s'agissait -sans aucune recherche
d'exhaustivité d'enquêter sur un nombre
limité de personnes ayant vécu
auprès du site ou y ayant travaillé, et
étant aujourd'hui atteintes de maladies
spécifiquement liées à l'amiante.
Vingt et un dossiers -fournis essentiellement par les
Associations (*) concernaient des personnes atteintes de
mésothéliome ou d'asbestose ou de plaques
pleurales. Les cas de cancers du poumon n'ont pas
été pris en compte à ce premier
stade de l'étude
Il faut noter,
qu'à l'heure actuelle, les Associations disposent
au total de 65 dossiers, ceux considérés
comme incomplets n'ont pas été introduits
dans l'étude à ce premier stade du
travail.
Sur les 21 cas
étudiés par la CIRE :
- 11 cas
sont d'origine purement environnementale ou à
dominante environnementale, tous liés au CMMP. Ces
personnes ont habité ou été
scolarisés, ou travaillé en plein air,
à moins de 400 m du site, pendant 8 à 32
ans, souvent dans leur enfance, durant la période
d'activité de l'usine. Le temps de latence, entre
la première exposition à l'amiante et la
survenue de l'affection est au moins de 40 ans. Quatre
cas de mésothéliome appartiennent à
ce groupe.
- 1 cas
peut être classé à dominante
para-professionnelle, en relation avec le CMMP, la
personne a habité 2 ans dans l'usine,
côtoyé le personnel et participé
à des tâches ménagères dans
l'usine.
- 9 cas
sont des cas professionnels dont 7 ont travaillé
au CMMP (dont 3 mésothéliomes), et 2 sont
des cas mixtes d'exposition professionnelle en dehors du
CMMP, mais avec une exposition environnementale
liée au CMMP.
Ces
résultats valident entièrement l'existence
de pathologies dues à l'amiante dans
l'environnement de certains sites industriels.
Alors qu'il
existe plusieurs enquêtes de ce type à
l'étranger, il s'agit de la première
étude française produite par un organisme
de recherche, et réalisée grâce
à la mobilisation préalable d'un mouvement
issu du milieu associatif
En matière
de suivi sanitaire, les pouvoirs publics doivent en tirer
les conclusions : recherche active des personnes
contaminées en vue d'être
indemnisées, signalement des nouveaux cas par les
médecins, suivi médical des riverains qui
le souhaitent.
Il reste
maintenant à souhaiter que les institutions
élargissent l'étude à l'ensemble de
la population d'Aulnay voire des communes avoisinantes,
et qu'elles mettent également sur pied des
études du même type autour des sites
industriels connus comme ayant été les plus
polluants, à Condé-sur-Noireau, à
Prouvy-Thiant, à St Nazaire, etc..
Concernant
Aulnay, les bâtiments du CMMP sont toujours en
place. Au vu des résultats de l'étude de la
CIRE, et pour la protection des riverains du site dans la
prochaine phase de démolition de ces locaux, les
associations insistent et persistent sur la
nécessité de mesures maximales de
précaution à mettre en uvre pour la
déconstruction de l'ensemble des ex-locaux du CMMP
(confinement extérieur global de l'ensemble des
bâtiments appelé plus couramment " mise sous
bulle ").
Enfin, plusieurs
victimes ont déposé plainte au pénal
devant le Tribunal de grande instance il y a plusieurs
années, mais elles sont toujours en attente du
procès des responsables. Il semble que
l'étude de la CIRE est suffisamment convaincante
pour lever les éventuelles incertitudes des juges.
Aussi les victimes comprendraient mal que les
autorités judiciaires persistent dans leur
silence.
(*) Collectif des
riverains et victimes du CMMP, Associations de parents
d'élèves de l'école du Bourg LIPE et
FCPE, Aulnay Environnement, ADDEVA 93, Ban Asbestos
France.