Communiqué de presse du 2 juin 2005

BAN ASBESTOS FRANCE 


 

Madame Alliot-Marie cherche à gagner du temps :

Est-ce pour mieux violer les conventions internationales portant

sur l'exportation des déchets dangereux ?

 

Le 31 mai les juges du fond du Tribunal de Grande Instance de Paris avaient à trancher le litige portant sur l'exportation vers l'Inde de dizaines de tonnes d'amiante en place dans la coque de l'ex porte-avions Clemenceau, litige entre d'une part les ministères de la Défense et des Finances et leur partenaire, une société panaméenne, et d'autre part les associations de lutte contre l'amiante. Cette exportation de déchets est une opération qui viole totalement convention et règlement internationaux faisant obligation à la France de traiter et d'éliminer elle-même ses propres déchets dangereux. 

La veille de l'audience le Préfet de Paris se faisant le messager de l'Etat, a adressé au Procureur et au tribunal un "déclinatoire de compétence ", procédure exceptionnelle, héritée d'une loi de 1790, qui a obligé le tribunal à n'entendre les parties que sur sa propre compétence à juger un tel conflit. Pour leur part les parties adverses ont soutenu que la coque de l'ex porte-avions est un matériel de guerre, bien qu'une décision administrative de 2002 l'ait condamné à la casse et l'ait débaptisée de Clemenceau en coque Q790. Si tel était le cas le litige devrait être porté devant un tribunal administratif. Par ailleurs si les parties adverses sont déboutées et que le tribunal se déclare compétent, l'Etat se réserve le droit de porter l'affaire devant le Tribunal des conflits. Or nous en sommes déjà à la quatrième procédure et par cette démarche, l'Etat - en l'occurrence son principal représentant, Madame Alliot-Marie, Ministre de la Défense - montre sa volonté de poursuivre à tout prix dans la voie de l'illégalité en multipliant les obstacles procéduriers. 

Maître Teissonnière, avocat des associations, a, pour sa part rappelé tout d'abord que la construction du navire à Brest il y a un demi-siècle avait généré parmi les ouvriers puis parmi les marins des centaines de victimes de l'amiante qui aujourd'hui demandent justice et n'acceptent pas que la déconstruction du navire soit demain la source de contamination catastrophique pour les ouvriers indiens. Puis,après avoir démontré que la coque Q790 n'est en rien un matériel de guerre, il a poursuivi en remarquant que même si c'était le cas, cela ne changerait rien au litige et à la juridiction compétente puisque le conflit ne porte pas sur le contenant (la coque) mais sur le contenu (les déchets d'amiante).

La décision du Tribunal sur sa compétence sera rendue le 5 juillet. 

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Dans le même temps il faut signaler une décision qui fera date, celle du Président du Comité de suivi des déchets dangereux auprès de la Cour Suprême en Inde, décision qui vise à renvoyer au Danemark un navire ferry danois (le Frédéric IX rebaptisé Riky), envoyé en avril en Inde par ses propriétaires pour y être désamianté et démantelé, au mépris des conventions internationales. 

Il apparaît ainsi que l'on est à un tournant de la lutte contre la politique criminelle de certains pays développés qui tentent de se débarrasser de leurs déchets en les envoyant dans des pays dépourvus de véritable législation de protection de la santé des travailleurs et de protection de l'environnement. 

Est-ce là la politique que le chef de l'Etat entend promouvoir quand il se pose en partisan de la lutte pour la protection de l'environnement ?