AMIANTE ET JUSTICE :

SECONDE CONFÉRENCE NATIONALE SUR L'AMIANTE EN ITALIE

 

Cette rencontre s'est tenue à Turin les 6, 7 et 8 novembre 2009 à l'initiative de l'Association des exposés à l'amiante (AEA), de Medicina Democratica, de Legambiente ainsi que de syndicats tels que la CISL, la CGIL et la CUB.

Le procès à venir de Turin était bien sûr dans tous les esprits.Une matinée lui a été consacrée avec une table ronde réunissant autour de S. Bonetto, avocat des parties civiles dans le procès contre Eternit, un certain nombre de ses confrères venus de l'étranger : J-P Teissonnière et Sylvie Topaloff pour la France, Jan Fermon pour la Belgique, Mitchel Cohen pour les Etats-Unis, Wolfgang Apitzsch pour l'Allemagne.

Cinq groupes de travail ont ensuite analysé la situation sous différents angles : l'amiante au tribunal ; amiante et santé ; éliminer l'amiante en dix ans ; dédommager les victimes et reconnaître ceux qui ont été exposés; l'amiante en Europe et dans le monde. Annie Thebaud-Mony et Patrick Herman ont participé à cet atelier animé par Vittorio Agnoletto, médecin du travail et ancien député européen. Trois objectifs sont ressortis de la discussion : améliorer la Directive européenne de 2003 sur l'amiante, en particulier sur l'interprétation à donner à son article 8 ( il n'existe pas de seuil en dessous duquel il n'y a pas de danger) ; se préparer à une nouvelle bagarre à propos de la Convention de Rotterdam ( la mise à jour de la liste dite " PIC " va s'effectuer à l'automne 2010 et il faudrait imposer que le chrysotile soit enfin inscrit sur cette liste) ; refermer la porte ouverte par les dérogations obtenues par les industriels quant à l'utilisation de l'amiante ( dans le domaine de l'électrolyse).

V.Agnoletto a également relayé un appel lancé par des médecins pour que la Commission européenne reconsidère sa position de ne pas financer un Centre international de recherche sur les thérapies ( ce ne serait pas une priorité car le mésothéliome serait une maladie rare…).

Enfin Annie a relayé l'info selon laquelle le Ministère du Travail brésilien a demandé la dissolution de l'Institut du chrysotile brésilien (créé sur le modèle canadien). Elle a également souligné qu'une grande attente se manifeste en Amérique Latine et en Asie quant au procès de Turin, qui peut être un élément-clef pour aller vers l'interdiction mondiale de l'amiante et pour une politique de prévention pour les populations exposées à l'amiante en place. Pour sa part, Jean-Paul Teissonnière a insisté sur l'extraordinaire modernité du procès mais regretté le manque flagrant de coordination des plaignants en particulier sur le plan syndical : les syndicats ne sont pas présents au niveau où ils devraient l'être.

Un texte diffusé par les organisateurs faisait le point sur la situation en Italie : deux ans après le vote de la loi n.244/07 instituant un fonds pour les victimes de l'amiante, le gouvernement italien n'a toujours pas signé le décret d'application, ce qui aurait dû être fait dans les 90 jours après le vote de la loi. Les victimes continuent donc d'attendre.

En l'absence de ce décret, l'INAIL (la Sécu italienne) continue à se comporter comme la pire des assurances privées en niant les droits de ceux qui ont été exposés à l'amiante, les obligeant à se tourner vers les tribunaux pour d'interminables procédures qui se concluent souvent après la mort des plaignants.

L'amiante a été interdit en 1992 en Italie, mais il meurt encore 4000 personnes par an , sans compter les milliers de malades et tout permet de penser que le pic du nombre de morts causées par le mésothéliome ne sera pas atteint avant 2020/2030.

Les revendications sont donc les suivantes : création immédiate du fonds d'indemnisation des victimes, dépollution des sites contaminés, surveillance sanitaire pour qui a été exposé à l'amiante.

A suivre.