Les espoirs déçus des " amiantés " du Tripode

mardi 07 février 2012

 

Il y a de l'amertume et de la colère dans le ton des syndicalistes du Trésor public, de l'Insee et des Affaires étrangères. L'impression de ne pas peser bien lourd face à l'inertie de leur administration. Et une interrogation. " Sommes-nous confrontés à un calcul aussi sordide que cynique : pas de suivi médical, pas de pathologies, et donc pas d'indemnisation ? "

Lundi matin, l'intersyndicale organise une réunion d'information devant des agents " inquiets ". Ces fonctionnaires ont travaillé dans les bureaux du Tripode, dans l'île Beaulieu. Floqué à l'amiante, l'immeuble a été détruit le 27 février 2005. Actif ou retraités (60 %), 1 500 fonctionnaires restent concernés par les suites éventuelles d'une exposition à l'amiante. Marqué d'avancées et de reculs, leur combat dure depuis plus de trente ans.

Interpeller les candidats

En septembre, ils ont reçu une lettre du secrétaire général de Bercy annonçant des visites médicales, et les invitant à y répondre. " Nous pouvions espérer, enfin, un déblocage de décisions qui remontent à 2009... Depuis il n'y a eu aucune convocation. Rien, c'est le vide total. Une fois encore, l'affichage n'est pas suivi d'effet. C'est comme si on voulait enterrer le dossier, nous décourager. Faire attendre, c'est le meilleur moyen de démobiliser les gens ", affirment les représentants de quatre syndicats (CFDT, CGT, FO, Solidaires).

L'intersyndicale demande l'organisation, très rapidement, d'un comité de pilotage interministériel. " Il faut qu'en haut lieu, on arrête de se renvoyer la balle, et qu'on nous dise comment va s'organiser concrètement le suivi médical. "

Elle va aussi interpeller candidats à l'élection présidentielle et parlementaires. " Nous voudrions qu'ils s'engagent sur le classement du Tripode comme site amianté. Cela garantirait l'accès à la préretraite amiante, et faciliterait le suivi médical. "

Enfin, l'intersyndicale entend bien marquer le septième anniversaire de la destruction de l'immeuble.

À sa manière, c'est-à-dire à l'extérieur des locaux, et de façon symbolique.

" On ne se bat pas seulement pour les anciens occupants du Tripode, font remarquer les syndicalistes. " Derrière, c'est le dossier de l'amiante en France, une question en recul aujourd'hui. Il n'y a pas de volonté de clore le dossier dans de bonnes conditions. Le Tripode est un symbole. "

Marc LE DUC (OUEST FRANCE)