21/02/2008
La principale organisation syndicale canadienne, le Canadian Labour Congress (CLC) a décidé de retarder le lancement d'un appel à bannir l'exploitation minière de l'amiante au Canada à la suite de pressions exercées par un affilié québécois. Le président du CLC, Ken Georgetti, avait déclaré en octobre dernier être embarrassé par le rôle joué par le Canada dans le commerce mondial de l'amiante et avait promis de lancer lors de la prochaine réunion de son organisation un appel à l'arrêt de la production au Canada.Lors du Comité exécutif du CLC, qui s'est déroulé la semaine passée, il a simplement promis d'aborder à nouveau prochainement cette question, révèle CBC/Radio Canada. Selon la radio publique canadienne, Michel Arsenault, le président de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), aurait convaincu ses collègues de la CLC de ne pas lancer d'appel à l'interdiction avant la publication d'une nouvelle étude sur les risques liés à l'amiante.
Interrogé par CBC/Radio Canada, le dirigeant de la FTQ a déclaré que le travail dans une mine d'amiante constitue une activité sûre, ajoutant que dans de nombreux pays une "psychose" s'est développée au sujet de cette substance. "Il n'y a pas plus de danger à travailler dans une mine d'amiante que dans une aciérie ou au coin d'une rue de Toronto. C'est un animal très dangereux, mais nous savons désormais comment travailler avec d'une manière sûre", a déclaré Michel Arsenault.
Environ 700 personnes travaillent dans l'industrie québécoise de l'amiante. Le Canada est le seul pays développé qui continue à produire de l'amiante, un minerai qualifié de "menace mortelle" par l'Organisation internationale du travail, l'Organisation mondiale de la santé et l'Agence internationale de recherche sur le cancer.
Le Québec, qui héberge les deux seules mines d'amiante du Canada, compte un des taux les plus élevés de mésothéliome - un cancer mortel lié à l'amiante - du monde. Le gouvernement canadien estime que l'amiante est sûr s'il est manipulé de manière adéquate. Ce dernier a dépensé pas moins de 20 millions de dollars au cours des deux dernières décennies afin de promouvoir les exportations de ce minerai.
Ken Georgetti estime qu'un appel à l'interdiction émanant du CLC ne permettrait pas de mettre immédiatement fin à l'exploitation minière de l'amiante au Canada. Le leader syndical demande au gouvernement fédéral de jouer un rôle moteur en vue de la fermeture des mines d'amiante, en veillant tout particulièrement à soutenir financièrement les mineurs, leurs familles et leur communauté quand la production s'arrêtera définitivement. "S'ils réalisent cela, la décision de notre organisation sera beaucoup plus facile à prendre", a-t-il déclaré.
La semaine dernière, le deuxième plus grand syndicat indien, le All India Trade Union Congress, a lancé un appel à l'aide au CLC afin qu'il encourage le gouvernement canadien à stopper les exportations d'amiante vers l'Inde, qualifiant le minerai de tueur majeur". Quelque 97 % de l'amiante québécois est exporté, principalement vers des pays en voie de développement tels que l'Inde, l'Indonésie et le Pakistan.
L'amiante est désormais interdit dans pratiquement tous les pays développés, de même que dans un nombre grandissant de pays en voie de développement. L'OMS estime qu'annuellement 100.000 personnes décèdent de maladies causées par l'amiante.