Janvier :

Lors du dernier conseil municipal, le maire d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza (LR) a fait des annonces à propos du terrain qui abritait le CMMP. Comme la précédente majorité de Gérard Ségura (PS), Beschizza envisage de faire un parking sur cette dalle, mais d'une taille supérieure à 47 places. Aux abords de la dalle, le groupe scolaire du Bourg pourrait être agrandi, " la ville ayant des besoins en équipements ". " Les études de faisabilité " n'ont " pas encore été réalisées ", précise la Mairie.

Au cours de ce même conseil, Bruno Beschizza a précisé qu'un " un devoir de mémoire " incombe à la ville. Et de proposer qu' une " stèle " soit érigée dans le cimetière voisin - où certaines victimes de l'amiante sont d'ailleurs enterrées. Gérard Voide, du Collectif des Riverains et Victimes du CMMP, s'est exprimé à ce sujet : " Cela traduirait une reconnaissance de ce drame. A condition qu'il ne s'agisse pas d'une plaque un peu cachée, mais d'un vrai monument. "

Lire à ce sujet l'article du Parisien du 25 décembre 2016, et celui du 27 décembre 2016. Un second article en date du 27 décembre rappelle que la commune a payé près de 16,5 M€ pour la dépollution du site, alors que le CMMP n'a déboursé que 478 000 €, le pollueur s'étant "simplement conformé à des obligations, définies dans une convention signée avec la précédente municipalité, avant le début des travaux".

 

Le comptoir des minéraux et matières premières (CMMP) enfin condamné pour " faute inexcusable " (Cour d'appel 19/10/2016) :

Il a fallu pas moins de 16 années de procédures et toute l'opiniâtreté de notre bureau d'avocats TTLA pour faire enfin condamner le CMMP pour " faute inexcusable " en tant qu'employeur ayant mis en danger la vie d'un de ses ouvriers. Mohamed a été employé de 1963 à 1964 aux broyeurs d'amiante qu'il alimentait en minerai et mettait en sac (ensachage) la poudre d'amiante ultra fine qui en résultait. Plusieurs survivants ont pu témoigner des conditions de travail dignes des romans de Zola ! Le brouillard de poussières des ateliers était tel qu'à 6 mètres les ouvriers ne se reconnaissaient pas entre eux. Une année de travail au service du CMMP a suffit pour saturer ses poumons de poussières et le faire mourir à 59 ans, asphyxié à petit feu. Pour l'amiante, cette maladie s'appelle l'asbestose. Les quantités de poussières inhalées sont telles que le malade décède avant la survenue du cancer.

Le réquisitoire est sans appel. Les dirigeants du CMMP savaient qu'ils exposaient leurs salariés aux poussières mortelles puisque que " leur attention … et leur conscience … avaient été attirées par les organismes de contrôle et de prévention de la Sécurité Sociale et des installations classées insalubres et dangereuses et, ce, en 1950, 1951, 1956, 1959 ".

Mieux, ses dirigeants se sont enfermés dans le déni cynique, prétendant que les manchons de conduits d'aspiration des matières retenaient la farine d'amiante alors que ces manchons n'étaient qu'en simple tissu perméable à la poussière, de l'aveu même de l'encadrement de l'usine. De même, ce simulacre de protection de masques en simple tissu était totalement inefficace. Jamais la moindre information n'a été donnée à ces travailleurs.

Notre association dispose, par ailleurs, de bien d'autres témoignages confirmant également l'étendue des poussières rejetées dans le quartier : écoles, jardins des riverains, maraîcher, commerces, cimetière, et jusqu'à l'intérieur des habitations situées à 150 mètres.

Mohamed a été reconnu en maladie professionnelle et sa veuve, ses enfants et petits enfants, ont été indemnisés. Bien maigre consolation mais cela ne fait pas le compte car bien d'autres travailleurs, victimes du CMMP, sont morts dans l'anonymat le plus total. L'ARS (agence régionale de santé du ministère) refuse de rechercher ces travailleurs alors qu'il suffirait de prendre les fichiers officiels des retraités classés par année et entreprise.

Les quatre études et recherches officielles qui ont été obtenues (premières en France) ne l'ont pas été sans une haute lutte, et qu'il nous faut continuer afin de faire émerger ce scandale sanitaire.

Mai :

 Importante étude de Léa PROST, étudiante en Master 1 en géographie : première partie / seconde partie. Léa poursuit dans le cadre de ses études universitaires la mise en visibilité des victimes de la pollution du CMMP. Outre le rappel de l'historique des luttes citoyennes, l'étude développe les objectifs d'une nouvelle étude publique (voir ci-dessus) PICRI (partenariat institutions/citoyens pour la recherche et l'innovation). De nombreuses cartes géolocalisent dans un rayon de 1500 à 2500 mètres de l'usine les 234 malades - pour la plupart riverains- recensés par les associations. Dans ce cadre, le collectif et riverains et victimes du CMMP, parrainé par Ban Asbestos France, a remis ses archives au groupe d'intérêt scientifique Giscop93.

Juin :

Virginie Dupeyroux, fille d'une victime décédée en septembre 2015 témoigne dans le Bulletin N°15 de la CAOVA, disponible dans son intégralité dans l'actualité internationale. Paul Dupeyroux, décédé en septembre 2015 d'un mésothéliome, avait été riverain du CMMP de 1942 à 1961, et avait fréquenté l'École du Bourg. Sa mère, Simone Dupeyroux, riveraine de 1938 à 1961, était elle aussi décédée d'un mésothéliome, en 1978.

L'Union syndicale Solidaires a mis en ligne le site internet " La petite boite à outils ", un site dédié à la santé et aux conditions de travail à l'intention de l'ensemble des salariè-es et de leurs représentant-es. Il contient un web documentaire d'environ 60 vidéos " L'amiante une lutte d'aujourd'hui ". L'action collective des victimes et des riverains du CMMP est évoquée dans la section "Les luttes collectives", avec une interview de Gérard Voide réalisée en novembre 2015, retraçant l'historique de notre combat.

Les reportages relatant le scandale sanitaire et environnemental engendré par le CMMP, et la lutte citoyenne qui a mené à sa déconstruction et à la dépollution du site, sont désormais en ligne dans la page Aulnay vidéos.

Octobre :

Les associations ont écrit à l'Agence Régionale de la Santé (représentant le Ministère pour l'Ile de France) le 6 septembre dernier afin de lui demander le bilan du dispositif de recherche des personnes exposées à la poussière d'amiante du CMMP d'Aulnay-sous-Bois en joignant le document préparatoire de la réunion. Nous avions dénoncé les carences de l'ARS (voir l'intervention de Gérard Voide au groupe amiante du Sénat et de l'Assemblée Nationale en 2015). Non seulement l'ARS n'a jamais fourni ce bilan mais elle a fait disparaître la quasi totalité des informations sur son site internet (étude CIRE et Giscop93, guide de prise en charge des personnes exposées, référence au Centre d'Information et d'Accompagnement des Personnes Exposées Ci3a) agissant ainsi comme si elle souhaitait faire disparaitre son action, contrainte et forcée par la mobilisation citoyenne.

Novembre :

Les associations écrivent une lettre de relance à l'Agence Régionale de Santé, la lettre du 6 septembre 2017 étant restée sans réponse (voir ci-dessus).