
L'interdiction de
l'amiante : une
bataille planétaire
procès
de Turin
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Juin

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Des révisions ont
été adoptées ce mois-ci (juin
2023) aux codes de l'Organisation maritime
internationale (OMI) interdisant l'utilisation de
matériaux contenant de l'amiante. Les
nouvelles restrictions - qui entreront en vigueur
le 1er janvier 2024 - interdiront la nouvelle
installation de matériaux contenant de
l'amiante sur toutes les unités mobiles de
forage en mer (UMFM) : "Toute réparation,
tout remplacement, toute maintenance ou tout ajout
à des parties fonctionnelles d'une UMFM doit
être documenté par une
déclaration de matériaux exempts
d'amiante. Voir (en anglais) : MSC
107 : Révision du code UMFM pour
améliorer la sécurité en
matière d'amiante
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Une semaine après
qu'un jugement historique a été rendu
par la Cour d'assises de Novara, en Italie, Bruno
Pesce, militant en faveur des victimes, a
analysé certains aspects du verdict dans
l'article cité ci-dessous. Il s'agit, selon
lui, d'une "sentence très importante : les
arguments de la défense ont pour l'essentiel
été rejetés, [...] si
elle était confirmée par la Cour
suprême, elle aurait une importance
considérable en Italie et au niveau
international". Voir (en italien) :
Décision
Eternit Bis : "La première étape est
gagnée, mais la route est
longue"
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Le 12 juin 2023, une
organisation non gouvernementale basée
à Nairobi, l'African Centre for Corrective
& Preventive Action (ACCPA), a intenté
une action en justice auprès de la Haute
Cour concernant les ventes de produits de poudre
pour bébés de Johnson & Johnson
(J&J) au Kenya. La pétition de l'ACCPA
alléguait que les produits à base de
talc, qui ont été retirés de
la vente sur les marchés
nord-américains et interdits de vente en
Tanzanie, au Zimbabwe, au Congo, etc., contiennent
des fibres d'amiante cancérigènes et,
à ce titre, présentent un risque pour
la santé des consommateurs. Voir (en
anglais) : Johnson
&Johnson poursuivi pour la vente de poudre pour
bébés au Kenya
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Des consultations en personne
pour les personnes souffrant de maladies
liées à l'amiante ont eu lieu dans la
ville de Toyama, au Japon, le 11 juin. La
séance de consultation était
organisée par un groupe de soutien aux
victimes de l'amiante qui a mis à
disposition des conseillers
spécialisés pour consulter les
victimes de l'amiante qui avaient des questions sur
une série de sujets. Selon Hiroatsu Narita,
du secrétariat de la branche Hokuriku de
l'association des patients et des familles atteints
de mésothéliome et de maladies
liées à l'amiante : "Dans la
préfecture de Toyama, il y a moins de cas
certifiés comme accidents de travail dus
à l'amiante, et il y a des patients
potentiels" qui ne sont pas identifiés. Voir
(en japonais) : Une
consultation gratuite sur les risques sanitaires
liés à l'amiante est organisée
dans la ville de Toyama pour la première
fois en quatre ans
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Commentant le verdict de
culpabilité prononcé par un tribunal
de Novara, en Italie, le 7 juin 2023, l'oncologue
italien Frederic Grosso a déclaré :
"Le massacre causé par l'amiante n'est pas
terminé". Schmidheiny devrait investir une
partie de son immense fortune dans la recherche
d'un remède, par exemple en achetant une
société pharmaceutique et en la
mettant au service de la recherche d'un
remède contre le mésothéliome.
Covid nous a appris que si nous nous engageons tous
à atteindre le même objectif, le
remède sera trouvé". Voir (en
italien) : L'oncologue Grosso :
"L'hécatombe
de l'amiante sera très longue, la vraie
compensation pour les malades est d'investir dans
les traitements."
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Après des heures de
délibération, le verdict tant attendu
de la cour d'assises de Novara, en Italie, a
été rendu le 7 juin 2023 dans une
salle d'audience silencieuse. Le tribunal
régional a déclaré le
milliardaire suisse de l'amiante Stephan
Schmidheiny coupable d'homicide involontaire
aggravé sur 147 habitants et ouvriers de
Casale Monferrato décédés
à la suite d'une exposition aux fibres
d'amiante d'Eternit. Il a été
condamné à une peine de 12 ans de
prison et à une interdiction d'exercer une
fonction publique pendant cinq ans. La Cour a
reconnu le droit des parties civiles à
réclamer une indemnisation dans le cadre
d'affaires civiles distinctes, mais a
également accordé des
dommages-intérêts provisoires à
divers groupes de la société civile,
organismes gouvernementaux, organisations et
plaignants nommés. Article de Laurie
Kazan-Allen (en anglais) : Une
peine de prison historique pour le magnat suisse de
l'amiante
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Mai
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Un rapport de Reuters sur les
retombées des tremblements de terre de
février 2023 en Turquie contient des
chiffres stupéfiants : Les Nations unies
estiment que la catastrophe a
généré au moins 10 fois plus
de décombres que le dernier grand
tremblement de terre turc en 1999... Certains
experts ont déclaré qu'une
"catastrophe secondaire" de contamination pourrait
être encore plus grave que les tremblements
de terre eux-mêmes", un expert turc
prédisant que 3 millions de personnes
pourraient tomber malades en raison de
l'exposition, après le tremblement de terre,
à 85 000 substances toxiques
déversées sur plus de 15 sites.
L'effondrement de 300 000 bâtiments, dont
beaucoup contenaient de l'amiante, a
généré 100 millions de
mètres cubes de décombres. En raison
de l'ampleur de la catastrophe, les
réglementations visant à
protéger les travailleurs et le public des
expositions à l'amiante ont
été suspendues. Voir (en turc) :
La
poussière toxique du tremblement de terre en
Turquie !
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La semaine dernière,
le ministre sud-africain des établissements
humains, Mmamoloko Kubayi, a annoncé qu'une
somme de 220 millions de rands avait
été allouée à la mise
en uvre de 27 projets de désamiantage
des toits des maisons construites par le
gouvernement dans les régions de Eastern
Cape, Free State et KwaZulu-Natal. Selon le
ministre, les toits en amiante sont une "relique de
l'apartheid" qui doit être
éradiquée "en priorité".
L'ancien responsable de l'ANC Ace Magashule, qui
doit comparaître devant le tribunal en avril
2024, fait face à des accusations de
corruption liées à un appel d'offres
de plusieurs millions de rands pour
l'éradication de l'amiante dans
l'État libre, attribué à
l'époque où il était premier
ministre. Voir (en anglais) : R220
millions de dollars pour le désamiantage des
toits dans la province du Cap-Oriental,
l'État libre et le KZN
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Un article publié le
11 mai 2023 sur un site web japonais par Manabu
Shinbori, un architecte de la préfecture de
Saitama, passe en revue les dommages causés
à la santé humaine par l'exposition
à l'amiante à la lumière des
lois japonaises révisées. En 2017,
plus de trois fois plus de personnes sont
décédées d'un
mésothéliome - le cancer
caractéristique de l'amiante - qu'en 1995 ;
la plupart des personnes
décédées étaient des
travailleurs de la construction ou de l'industrie
manufacturière. Les détenteurs
d'obligations doivent tout mettre en uvre
pour vérifier la présence et
l'état des matériaux en amiante dans
tous les bâtiments afin de se conformer
à la réglementation. Voir (en
japonais) : Modifications
des lois relatives à l'amiante
?
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La dernière
pelletée de terre a été
creusée pour la tombe de la Convention de
Rotterdam (CR) le 12 mai 2023. Après une
semaine tumultueuse de négociations, de
crises de colère et de
démonstrations, des intérêts
rapaces - menés par les acteurs russes de
l'amiante - ont réussi non seulement
à bloquer les progrès de l'ONU sur
l'amiante chrysotile (blanc), mais aussi à
anéantir les efforts de réforme d'un
traité qui n'est plus adapté à
sa finalité. Après presque 20 ans
d'existence et plus de dix ans de discussions pour
améliorer l'efficacité de la CR, il
pourrait être temps de se demander s'il est
utile de maintenir en vie une Convention moribonde
alors qu'il y a si peu d'espoir de
rétablissement. Voir l'article de Laurie
Kazan-Allen (en anglais) : Définition
de la convention des Nations
unies
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Dans de nombreux pays
à travers le monde, le 28 avril 2023 a
été commémoré comme la
Journée internationale de la mémoire
des travailleurs (JIMT). Les syndicats, les
fédérations du travail ainsi que les
groupes représentant les victimes de
maladies et d'accidents du travail ont pris des
mesures pour mettre en lumière le prix
payé par les gens ordinaires pour
l'existence continue de pratiques de travail
dangereuses et l'utilisation de substances
dangereuses telles que l'amiante. L'IWMD est un
canal précieux pour exposer le bilan humain
de la réduction des coûts des
entreprises, de l'incompétence des
gouvernements et de l'incapacité des agences
internationales à protéger les
populations vulnérables. Le slogan de l'IWMD
- se souvenir des morts, se battre pour les vivants
- ne pourrait être plus approprié.
Voir l'article de Laurie Kazan-Allen (en anglais) :
Journée
internationale de commémoration des
travailleurs 2023
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La onzième
Conférence des Parties (COP11) à la
Convention de Rotterdam (CR) sur la
procédure de consentement préalable
en connaissance de cause applicable à
certains produits chimiques et pesticides dangereux
qui font l'objet d'un commerce international se
tient actuellement à Genève (du 1er
au 12 mai 2023). La CR est un traité de
l'ONU conçu pour faire progresser la justice
environnementale en imposant des contrôles
sur le commerce des substances dangereuses.
À huit reprises, des recommandations ont
été formulées pour que des
mesures soient prises concernant l'amiante
chrysotile ; à chaque fois, un petit nombre
de parties ont empêché la CR de le
faire. Lors de la COP11, le comité
d'étude des produits chimiques de la CR
recommandera à nouveau d'ajouter le
chrysotile à l'annexe III, la liste des
substances soumises à des protocoles de
consentement préalable en connaissance de
cause. La Russie, qui a mené l'opposition
à l'inscription du chrysotile
précédemment, a déjà
indiqué qu'elle le ferait à nouveau.
Voir l'article de Laurie Kazan-Allen (en anglais) :
L'amorce
de la convention de Rotterdam en
2023
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Avril
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Des victimes de l'amiante et
des syndicalistes d'Asie, d'Europe,
d'Amérique du Nord, d'Amérique latine
et d'Australie ont exprimé aujourd'hui leur
inquiétude quant à la présence
possible d'amiante au Centre international de
conférences de Genève où les
délégués de l'ONU se
réuniront le mois prochain (mai 2023) lors
de la 11e Conférence des Parties à la
Convention de Rotterdam (COP11) pour discuter de la
réglementation du commerce mondial de
l'amiante. Le coordinateur du Réseau
asiatique Ban Asbestos, Sugio Furuya, a
déclaré : "Les
délégués à la COP11 ont
le droit de savoir si le bâtiment dans lequel
ils se réuniront contient de l'amiante.
À ce jour, les questions posées aux
responsables du Centre de conférence et du
Secrétariat de la Convention sur la
présence de matériaux contenant de
l'amiante dans le bâtiment sont
restées sans réponse. Voir l'article
de Laurie Kazan-Allen (en anglais) :
Risque
lié à l'amiante lors d'une
réunion des Nations unies
?
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La question de savoir qui
doit payer pour les dommages causés par la
décision de la marine brésilienne de
couler son ancien navire amiral reste sans
réponse. Le dépôt, la semaine
dernière, d'une action civile publique par
le procureur général de l'État
brésilien de Pernambouc a ouvert une
nouvelle étape dans cette triste histoire de
subterfuge et d'incompétence. Une
indemnisation de 322 millions de reais (65 582 795
dollars) est demandée "pour des dommages
environnementaux, opérationnels et moraux"
à quatre sociétés et à
leurs directeurs qui, selon les allégations,
ont abandonné le São Paulo en haute
mer. En raison de leurs actions et omissions, le
navire a été
délibérément coulé par
la marine à 350 kilomètres de la
côte de Pernambouc en février 2023,
après avoir passé plusieurs mois
à la dérive, faute d'avoir pu trouver
un port disposé à lui offrir un
refuge. Voir l'article de Laurie Kazan-Allen (en
anglais) : Monétiser
leurs erreurs : payer la débâcle de
Sao Paulo
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Mars
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Le 13 mars 2023, lors de la
présentation du rapport annuel du
Médiateur espagnol, des appels ont
été lancés aux gouvernements
d'Aragon, de Cantabrie, de Castille-La Manche, de
Ceuta, de la Communauté de Madrid, de La
Rioja et de la région de Murcie pour qu'ils
mettent en uvre, en priorité, des
plans d'éradication de la contamination par
l'amiante dans leurs juridictions. En vertu d'une
loi de 2022, les municipalités disposaient
d'un an pour réaliser des audits sur
l'amiante ; nombre d'entre elles ne l'ont pas fait
en temps utile, ce qui signifie presque
certainement que la date limite officielle ne sera
pas respectée. Voir (en espagnol) :
Le
Médiateur demande [aux
autorités] de promouvoir le recensement
des bâtiments affectés par l'amiante
et d'accélérer l'élimination
de cette substance toxique.
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Lors d'une conférence
de presse tenue le 13 mars 2023 dans la ville
polonaise de Przysucha, la ministre du Climat Anna
Moscou a annoncé l'allocation, par le Fonds
de la voïvodie pour la protection de
l'environnement et la gestion de l'eau à
Varsovie, de 8,5 millions PLN (2 millions USD) pour
les travaux d'éradication de l'amiante ; les
communes locales peuvent demander jusqu'à 35
000 PLN par projet pour subventionner les travaux
de décontamination. Voir (en polonais) :
Ministre
de Moscou : soutien aux collectivités
locales de Mazovie, par exemple pour
l'élimination de
l'amiante
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À partir du 1er avril
2023, les citoyens vietnamiens pourront
bénéficier des prestations de
l'État pour 35 maladies professionnelles
supplémentaires, dont l'asbestose, en vertu
de la circulaire 02/2023/TT-BYT modifiant la
circulaire 15/2016/TT-BYT réglementant les
maladies professionnelles donnant droit à
l'assurance sociale. Lorsque les employés
reçoivent un diagnostic de maladie
professionnelle, il leur est conseillé de
limiter les expositions toxiques et de se faire
soigner, conformément aux protocoles du
ministère de la santé. Dans le cadre
du régime d'assurance, les personnes
blessées ont droit à des soins
infirmiers, à une réadaptation et
à une réévaluation de leur
capacité de travail en fonction de leur
état. Voir (en vietnamien) :
35
maladies professionnelles donnent droit à
l'assurance sociale
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Dans un communiqué de
presse publié le 10 mars 2023 par le Health
and Safety Executive (HSE), il a été
annoncé qu'à l'issue d'une
enquête du HSE et d'un procès devant
le Manchester Magistrates' Court, le directeur -
Daniel Luke Cockcroft - d'une entreprise de
désamiantage "prétendument"
agréée - Asbestos Boss Ltd. - et
l'entreprise elle-même ont été
reconnus coupables d'avoir enfreint les
règlements britanniques 8(1) et 11(1)(a) de
la réglementation sur le contrôle de
l'amiante (Control of Asbestos Regulations 2012).
L'entreprise n'a jamais eu de licence pour
l'amiante et n'a pris aucune mesure pour
protéger les travailleurs ou le public
contre les expositions toxiques. M. Cockroft a
été condamné à six mois
de prison et à indemniser ses victimes. La
société n'a pas encore
été condamnée. Voir :
Une
entreprise et son directeur sont poursuivis pour
avoir procédé à un
désamiantage dangereux dans toute la
Grande-Bretagne.
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Le 13 mars 2023, les
autorités de la ville administrative
spéciale de Suwon, en Corée, ont
annoncé la mise à disposition de
fonds pouvant aller jusqu'à 2 millions de
wons (1540 USD) pour le démantèlement
et l'élimination des matériaux
contenant de l'amiante dans les crèches et
les centres pour personnes âgées. Les
propriétaires d'installations peuvent
télécharger un formulaire de demande
sur le site web de la ville spéciale de
Suwon et le soumettre, accompagné d'autres
documents pertinents, y compris une copie du
rapport d'enquête sur l'amiante, du
certificat d'enregistrement de l'entreprise ou du
certificat d'enregistrement de la
société, aux fonctionnaires de
l'hôtel de ville de Suwon. Voir (en
coréen) : Ville
spéciale de Suwon, recrutement de
participants au projet de soutien au
démantèlement et à
l'élimination de
l'amiante
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L'article cité
ci-dessous fait état des
préoccupations des habitants d'une zone
densément peuplée de Cadix qui ont
signalé que des travaux de
désamiantage non programmés et mal
conduits avaient créé un risque pour
la santé des résidents. Les demandes
d'information adressées aux sous-traitants
chargés des travaux sont restées
vaines, ces derniers affirmant que les plaignants
n'étaient pas propriétaires, mais
seulement locataires. Les demandes d'intervention
du conseil municipal sont restées sans
effet. Voir (en espagnol) : Les
voisins de Guillén Moreno dénoncent
le désamiantage "irrégulier" de leurs
maisons
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Février
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Une décision de la
Cour suprême du Brésil (STF) attendue
le 16 février 2023 concernant la poursuite
de l'exploitation minière de l'amiante
à Minaçu, en violation de
l'interdiction de 2017 de la STF sur la production,
la transformation et l'utilisation de l'amiante, a
été reportée au 23
février. Le mémorandum cité
ci-dessous exprime le soutien du bureau du
procureur général (PGR) et du
procureur général du travail (PGT),
représentant respectivement les procureurs
fédéraux et du travail, à une
action en justice confirmant l'interdiction, en
déclarant qu'"il n'existe pas de raisons de
sécurité juridique ou
d'intérêt social exceptionnel qui
l'emportent sur les droits à la santé
et à un environnement écologiquement
équilibré..." Voir (en portugais) :
PGR
et PGT renforcent la nécessité
d'interdire l'amiante chrysotile au
Brésil
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Le 17 février 2023,
Wilson Buckingham, un patient atteint d'un cancer,
a demandé à un tribunal des faillites
du district occidental de Caroline du Nord de
rejeter une proposition visant à permettre
à Bestbell, une filiale de la
société américaine
Georgia-Pacific, défenderesse de l'amiante,
d'entrer en état de faillite. Comme des
milliers d'autres victimes du cancer, le
procès intenté par Wilson Buckingham,
atteint de mésothéliome, a
été mis en suspens en attendant
l'issue de la procédure de faillite de
Bestbell. Les avocats de Buckingham ont
déclaré que la faillite ne servait
"à rien d'autre qu'à empêcher
les poursuites liées à l'amiante de
se poursuivre..." Voir (en anglais) :
Un
patient atteint d'un cancer demande au tribunal de
mettre fin à la faillite de Georgia-Pacific
pour cause d'amiante
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Bien que le Vietnam dispose
d'une politique appelant au désamiantage
depuis 2014, aucune mesure efficace n'a
été prise pour atteindre cet
objectif. Le fait que le Vietnam importait 65 000
tonnes d'amiante chaque année a
exacerbé le fardeau sanitaire de la
population en raison des propriétés
cancérigènes de l'amiante. Aux
dangers posés par l'incorporation de
nouveaux produits en amiante dans l'infrastructure
nationale s'ajoutent les dangers posés par
la détérioration des matériaux
en amiante dans l'environnement bâti et
naturel. Malgré l'omniprésence de ces
produits toxiques, le public est très peu
sensibilisé aux dangers pour la santé
de l'exposition à l'amiante au travail ou
à la maison. Voir (en vietnamien) :
Les
conséquences de l'exposition à
l'amiante ne sont pas moindres que pour la
dioxine
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La législation
nécessaire pour assurer la mise en place
effective d'un Fonds espagnol d'indemnisation des
victimes de l'amiante (le Fonds) reste en suspens
quatre mois après que le gouvernement a
approuvé une loi visant à
créer le Fonds après une campagne
soutenue des groupes de victimes de l'amiante et
des syndicats. Le Fonds, qui sera
géré par l'Institut national de la
sécurité sociale, aurait dû
être opérationnel à partir du
19 janvier 2023. Selon un porte-parole du
ministère de l'inclusion, la
nécessité de procéder à
des modifications réglementaires avait
retardé les plans de création du
Fonds. Voir (en espagnol) : Le
fonds amiante est toujours en attente de la
réglementation pour indemniser les
victimes
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Le 16 février 2023, la
cour d'appel de Turin a confirmé la peine
prononcée à l'encontre du
milliardaire suisse Stephan Schmidheiny,
condamné pour l'homicide involontaire
aggravé, en 2008, d'un ouvrier de l'usine
d'amiante-ciment de sa société dans
le Piémont. Les avocats de Schmidheiny ont
déclaré qu'ils feraient appel. M.
Schmidheiny a été jugé par
plusieurs tribunaux italiens pour la mort par
l'amiante de milliers de travailleurs et de membres
du public. Le procès, qui a
débuté le 9 juin 2021, devrait
bientôt s'achever devant la cour d'assises de
Novara, où Schmidheiny est accusé de
la mort de 392 personnes.Voir (en italien) :
Amiante
et cancer, la sentence de l'entrepreneur suisse
confirmée
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Un blog de Greenpeace Turquie
a mis en lumière les difficultés
rencontrées par les personnes et les
institutions dans les zones touchées par les
tremblements de terre, qualifiés de
"catastrophe multidimensionnelle", au début
du mois. Le texte de Greenpeace mettait en garde
contre les dangers des activités de
nettoyage mal planifiées et la propension
des autorités déjà sous
pression à prendre des raccourcis tels que
le déversement illégal de
déchets toxiques. Les réglementations
"visant à minimiser la quantité de
déchets de démolition en les
séparant à la source ... [et
à empêcher le déversement]
des débris qui en résultent dans les
mers, les lacs et les cours d'eau" doivent
être respectées pour éviter que
la population et/ou l'environnement ne subissent de
nouveaux dommages. Voir (en turc) :
Plus
de catastrophes dues au naufrage
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Le 30 janvier 2023, un panel
de trois juges de la Cour d'appel américaine
du 3e circuit a rejeté la dernière
tentative de Johnson & Johnson (J&J) de se
décharger de dizaines de milliers de cas de
contamination à l'amiante en déposant
une faillite litigieuse. Dans leur verdict de 56
pages, les juges ont écrit : "LTL (la
filiale dans laquelle les demandes d'indemnisation
liées à l'amiante ont
été déversées), au
moment de son dépôt (de faillite),
était hautement solvable et disposait de
liquidités pour faire face à ses
obligations". Les demandes d'indemnisation pour
préjudice corporel avaient été
déposées par des personnes qui
prétendaient que les cancers qu'elles
avaient contractés avaient été
causés par l'utilisation de la poudre pour
bébé à base de talc de
J&J, contaminée par l'amiante. Voir (en
anglais) : Un
tribunal américain rejette la
stratégie de faillite de J&J pour des
milliers de procès liés au
talc
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L'"article" cité
ci-dessous se lit comme un communiqué de
presse de la Kostanay Minerals JSC, l'unique
producteur d'amiante du Kazakhstan. Parmi les faits
rapportés, citons : la production totale de
la société était de 17,5
millions de tonnes (t) d'amiante blanc ; la
production annuelle était de 250 000 t ; 95
% de tous les produits étaient
envoyés en Ouzbékistan, en Inde, au
Tadjikistan, au Sri Lanka, en Chine, au
Turkménistan, en Ukraine, en
Azerbaïdjan, au Vietnam, en Thaïlande et
au Kirghizistan. L'imposition par les pays
occidentaux de sanctions sur le commerce russe, a
conduit Kostanay à remplacer les ports
russes par des ports en Géorgie et en
Lituanie. Le fait que l'amiante provoque le cancer
n'a pas été mentionné. Voir
(en russe) : Carrières
de Kostanay : exploitation de l'un des plus grands
gisements d'amiante au monde
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Le 28 janvier 2023, la
province sud-coréenne de Jeonbuk-do a
annoncé son intention de s'attaquer à
la contamination par l'amiante de 90
crèches. Les vingt-sept bâtiments les
plus touchés - qui ont enregistré des
niveaux élevés de fibres d'amiante en
suspension dans l'air - seront démolis cette
année. D'ici à la fin de 2024,
l'amiante sera éradiqué des
propriétés restantes. Selon un
responsable provincial : "Nous avons lancé
ce projet pour éviter l'exposition des
nourrissons et des jeunes enfants sensibles
à des substances nocives." Voir (en
coréen) : Jeonbuk-do
soutient l'élimination des matériaux
en amiante dans 27 garderies cette
année
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Janvier
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Revenant sur le fiasco du
porte-avions São Paulo, l'éditorial
cité ci-dessous cite un manifeste de groupes
et de partenaires brésiliens selon lequel la
situation est "un héritage maudit du
gouvernement Bolsonaro". La crainte que le navire,
désormais en possession de la marine, soit
coulé a poussé les auteurs à
avertir qu'il s'agirait d'une "catastrophe
environnementale avec des répercussions
politiques et d'immenses dommages environnementaux
dus à l'existence d'amiante
cancérigène, de possibles sources
radioactives, d'arsenic, de PCB, de métaux
lourds, entre autres agents nocifs...". Voir (en
portugais) : Porte-avions
brésilien avec de l'amiante à la
dérive dans l'océan Atlantique : un
autre héritage maudit du gouvernement
Bolsonaro
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Le 25 janvier 2023, il a
été annoncé que la Cour
suprême d'Italie avait rendu une sentence
historique qui confirmait la responsabilité
de la multinationale Solvay Chemicals,
conformément à un verdict de la Cour
d'appel de Florence. Il s'agit du premier jugement
rendu contre Solvay ; un travailleur, qui a
contracté des plaques pleurales et un
épaississement de la plèvre à
la suite d'une exposition à l'amiante dans
l'usine de la société à
Rosignano, recevra ~3 000 € (3 260 $ US).
Commentant l'affaire, un expert a
déclaré : "Cette sentence est
historique car Solvay a non seulement toujours
nié l'utilisation de l'amiante... mais a
continué à nier les droits des
personnes exposées qui ont contracté
des maladies liées à l'amiante." Voir
(en italien) : Dommages
causés par l'amiante : une "sentence
historique" de la Cour de Cassation condamne
Solvay
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Le 23 janvier 2023, il a
été annoncé que le juge
Alexandre de Moraes de la Cour suprême du
Brésil (STF) avait suspendu un jugement de
la Cour supérieure de justice, qui avait
ordonné la suspension de la production de la
mine d'amiante SAMA ; suite à ce jugement,
l'exploitation de l'amiante restera légale
pour le moment. En 2017, le STF avait rendu un
verdict interdisant l'extraction, la production, la
vente et l'utilisation de l'amiante au
Brésil. Les parties prenantes de l'amiante
ont fait appel de la décision, l'État
de Goiás, qui exploite l'amiante, ayant
adopté une loi annulant le STF. Voir (en
portugais) : Minaçu
: STF autorise la reprise de l'exploitation de
l'amiante dans la commune
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La Zurich American Insurance
Company a été accusée de faire
traîner inutilement la procédure
judiciaire afin de forcer le plaignant Ralph Hutt
à régler sa demande. Il y a quelques
semaines, M. Hutt, qui souffrait d'un
mésothéliome, s'est vu attribuer 36,5
millions de dollars par un jury du Montana qui
avait accepté sa plainte contre Zurich,
l'actuel propriétaire de la Maryland
Casualty Company. Le jury a estimé que
l'assureur n'avait pas protégé les
mineurs contre les expositions dangereuses dans la
mine de vermiculite de Libby, dans le Montana.
Selon le procès intenté par Hutt
à la Zurich : "Il est rentable pour la
Zurich de manquer à ses obligations en
matière de règlement des sinistres et
d'augmenter ainsi le temps pendant lequel elle peut
générer des revenus sur l'argent
dû...". Voir (en anglais) :
Une
action en justice affirme que la compagnie
d'assurance a délibérément
retardé le traitement des affaires
liées à l'amiante à
Libby
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Un commentaire du professeur
Antonio Alarcó Hernández dans la
Gazette médicale espagnole a passé en
revue les principaux aspects de l'héritage
de l'amiante dans le pays. Parmi les informations
présentées, citons les suivantes :
entre 1994 et 2008, 3 943 décès dus
à l'amiante ont été
enregistrés en Espagne ; au cours du 20e
siècle, 2,6 millions de tonnes d'amiante ont
été importées, les sommets de
consommation ayant été atteints entre
1960 et 1980 ; 75 % de l'amiante a servi à
la fabrication de matériaux de construction
en fibrociment. L'auteur a soutenu les projets de
création d'un système national
d'indemnisation pour l'amiante et d'un programme
d'éradication de l'amiante pour
éliminer la fibre toxique et les
matériaux qui la contiennent des
infrastructures du pays. Voir (en espagnol) :
Un
danger latent et silencieux :
l'amiante
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Un verdict rendu cette
semaine par un tribunal d'Amsterdam a conclu que la
société FloraHolland avait fait
preuve de négligence en permettant que des
expositions à l'amiante se produisent
à plusieurs reprises dans ses
différents locaux, y compris le
marché aux fleurs d'Aalsmeer. L'action a
été intentée par un syndicat
au nom de 15 employés actuels et le verdict
signifie que si eux-mêmes ou leurs anciens
collègues contractent une maladie
liée à l'amiante, ils n'auront pas
besoin d'intenter un procès pour obtenir une
indemnisation. Dans son jugement, le tribunal a
déclaré que, bien que FloraHolland
ait su en 1990 que des matériaux contenant
de l'amiante étaient présents dans
ses locaux, elle n'avait pas émis
d'avertissement au personnel avant 2009. Voir (en
anglais) : Une
grande vente aux enchères de fleurs
néerlandaises a exposé ses
employés à l'amiante pendant des
années
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Au cours de la
deuxième semaine de janvier, un coroner de
Gloucester a entendu des témoignages sur le
décès de trois membres de
l'équipe de maintenance d'une usine de
Cheltenham, tous morts de
mésothéliome, le cancer de l'amiante.
Lors de l'enquête du 2 décembre 2022
sur le décès de Nigel Ibbotson, 61
ans, le coroner adjoint du Gloucestershire, Roland
Wooderson, a appris que dans les années
1980, Ibbotson avait été
régulièrement exposé à
des matériaux contenant de l'amiante,
notamment des plaques d'Asbestolux, sur
différents lieux de travail. Un verdict de
décès par maladie industrielle a
été enregistré. Voir (en
anglais) : Trois
membres de l'équipe de maintenance de
l'usine de Cheltenham sont morts d'un cancer
lié à l'amiante à
Gloucester
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Les syndicats, en
collaboration avec des scientifiques britanniques,
ont annoncé leur intention de mener des
recherches sur le risque que représente pour
les enseignants le fait de travailler dans des
écoles contenant de l'amiante, après
que de nouvelles données aient montré
une mortalité élevée due au
mésothéliome chez les enseignants
nés entre 1955 et 1974, à la limite
de la "signification statistique". Commentant cette
initiative, le co-secrétaire
général du syndicat national de
l'éducation Kevin Courtney a
déclaré : "Cette recherche est d'une
importance vitale. Nous pensons qu'elle
établira une fois pour toutes le risque que
représente l'amiante dans les
bâtiments scolaires pour la santé des
enseignants, du personnel de soutien et des
enfants. Nous espérons que les
résultats convaincront le gouvernement de la
nécessité urgente d'un examen
indépendant de la politique actuelle, qui
consiste à gérer l'amiante
plutôt que de l'enlever." Voir (en anglais) :
Les
syndicats britanniques font appel à un
expert en cancérologie en raison des risques
liés à l'amiante pour les
enseignantes
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Selon les statistiques
publiées par WorkSafeBC - l'agence de
santé et de sécurité au
travail de la province canadienne de la
Colombie-Britannique (C.-B.) - 17 des 29
travailleurs de la construction
décédés de pathologies
liées au travail en 2021 ont
été tués par des expositions
toxiques sur le lieu de travail. En
Colombie-Britannique, les expositions à
l'amiante tuent plus de travailleurs que toute
autre substance toxique. Au printemps 2023, un
nouveau programme de formation sur le
contrôle de l'amiante sera lancé en
C.-B. par la BC Construction Safety Alliance afin
de former les 240 000 travailleurs de la
construction et les opérateurs de
désamiantage de la C.-B. Voir (en
français) : Environ
30 travailleurs de la construction perdent la vie
au travail chaque année en
Colombie-Britannique
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Le porte-avions São
Paulo continue de hanter les côtes
brésiliennes après que plusieurs
autorités lui ont refusé
l'autorisation d'accoster en raison de
préoccupations liées à la
présence d'amiante et d'autres substances
toxiques à bord. Le 11 janvier, la
société représentant le
propriétaire turc du navire a
déclaré que si les autorités
n'assuraient pas au navire un lieu d'accostage,
celui-ci serait abandonné. En
réponse, la marine brésilienne a
réitéré le 12 janvier sa
position selon laquelle la responsabilité de
s'occuper du navire appartenait à son
propriétaire et non à la marine et
que : "l'amiante existant actuellement sur le
São Paulo ne présente pas de risques
pour la santé, dans l'état où
il se trouve". Voir (en portugais) :
Un
porte-avions dont la coque contient de l'amiante ne
peut pas s'amarrer à
Pernambuco
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L'article du 12 janvier
cité ci-dessous présente une
accusation accablante de l'échec de la lutte
contre la contamination
généralisée par l'amiante
à l'université de Durham.
Soixante-quatorze bâtiments
d'hébergement dans 10 collèges de
l'université de Durham contenaient de
l'amiante, dont 214 avaient reçu un score de
matériau de 10 ou plus sur 12. Ce score
indiquait que le matériau était
considéré "comme ayant un potentiel
élevé de libération de fibres
et donc dangereux". Des rapports plus
récents ont suggéré que
l'état de l'amiante s'était
détérioré au fil du temps, la
quantité désormais
considérée comme dangereuse ayant
augmenté à 29 %. Voir (en anglais) :
Plus
de 1264 cas d'amiante découverts dans les
bâtiments d'hébergement des
universités
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Des entrepreneurs
mandatés par le bureau métropolitain
de l'éducation d'Ulsan effectuent des
travaux de désamiantage afin
d'éradiquer cette substance toxique dans 16
écoles de Corée du Sud pendant les
vacances scolaires d'hiver. Une fois les travaux
terminés, le groupe de surveillance de
l'amiante - composé de parents, de
superviseurs de l'amiante, d'experts
environnementaux externes, de représentants
de la société civile et de membres du
personnel scolaire - effectuera des tests de suivi
pour mesurer la qualité de l'air à
l'intérieur des salles de classe
concernées. Voir (en coréen) :
Bureau
de l'éducation d'Ulsan, Amélioration
de l'environnement éducatif dans 60
écoles de vacances
d'hiver
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Un programme municipal
proposé aux propriétaires de la ville
italienne de Chioggia, qui fait partie de la ville
métropolitaine de Venise, a
été, selon la conseillère pour
l'environnement de la municipalité de
Chioggia, Serena De Perini, "une occasion à
saisir pour éliminer l'amiante en toute
sécurité, en profitant
également d'une incitation
économique." Une subvention de 250 € (270 $
US) sera versée par le Conseil pour le
coût de chaque contrat. Jusqu'à 1 000
kilogrammes de produits manufacturés
à base d'amiante peuvent être
enlevés dans le cadre de ce programme ou 75
mètres carrés de dalles. Voir (en
italien) : Amiante
dans les habitations civiles, Veritas offre la
possibilité de s'en débarrasser en
toute sécurité
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Le 10 janvier, le gouverneur
de l'État américain du Montana, Greg
Gianforte, a annoncé que l'État
s'était vu offrir 18,5 millions de dollars
pour régler les plaintes relatives à
la contamination par l'amiante causée par
les activités de la mine de vermiculite
appartenant à W.R. Grace dans la ville de
Libby. La pollution de l'environnement s'est
produite depuis le début de l'exploitation
minière en 1963 jusqu'à son
arrêt en 1990. Un programme de nettoyage
mené par l'Agence de protection de
l'environnement a coûté 600 millions
de dollars ; en 2008, la société a
accepté de payer 250 millions de dollars
pour le coût des travaux de
décontamination. Voir (en anglais) :
W.R.
Grace offre 18,5 millions de dollars pour
régler les plaintes liées à
l'amiante dans le Montana
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Un financement de 2,4
millions d'euros (2,6 millions de dollars)
provenant du programme de réhabilitation des
environnements résidentiels de l'Union
européenne a été
affecté à des travaux de
désamiantage de centaines d'appartements
privés dans le quartier Juan de la Cierva de
la ville espagnole de Getafe. Une partie de
l'argent alloué sera utilisée pour
des travaux visant à réduire de 35 %
par an la consommation d'énergie pour le
chauffage et la climatisation dans 250
propriétés. Voir (en espagnol) :
GETAFE
/ 250 logements à Juan de la Cierva seront
débarrassés de
l'amiante
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L'INTERDICTION DE
L'AMIANTE : UNE BATAILLE PLANÉTAIRE
Si quelques voix
s'élèvent à la fin des années 80 et au
début des années 90 pour réclamer l'interdiction
de l'amiante dans le monde, comme celle de la FITBB (
Fédération Internationale des Travailleurs du
Bâtiment et du Bois) avec son Manifeste de Berne du 17
décembre 1991, le véritable coup d'envoi d'une bataille
qui allait bientôt se dérouler sur tous les continents
est donné les 17 et 18 avril 1993 en Italie à Milan
lors de la rencontre internationale " Bastamianto "
organisée sous le patronage de la région Lombardie.
Scientifiques, chercheurs, spécialistes du monde
médical, parlementaires, syndicalistes et représentants
du monde associatif, réunis à cette occasion, lancent
un appel pour que l'interdiction de l'amiante devienne enfin
effective et totale. Ils précisent : "Cette loi
d'interdiction ne règlera pas tout. L'assainissement des lieux
contaminés, la surveillance épidémiologique des
populations exposées, l'indemnisation des victimes seront
à l'ordre du jour pour longtemps encore".
Naissance du réseau Ban Asbestos
C'est l'année
suivante lors du Séminaire international " Amiante :
bannissement ou usage contrôlé ? " tenu les 28, 29
et 30 mars 1994 à São Paulo au Brésil que sera
tirée, au terme de trois jours de rencontres et de
débats, la conclusion qui s'impose : il est temps de
construire un réseau planétaire rassemblant tous ceux,
organisés ou pas dans des syndicats, associations ou
mouvements, qui ont décidé de mettre fin au premier
crime de masse de l'ère industrielle. Ce sera l'acte de
naissance du Ban Asbestos Network (BAN : réseau
mondial pour l'interdiction de l'amiante).
Mais cette rencontre
internationale au Brésil nous donne aussi l'occasion
d'identifier sur le terrain ceux qui se rangent dans le camp des
promoteurs de l'usage mortel de l'amiante. Pour que ce
séminaire se déroule normalement, il a fallu en effet
que le Ministère brésilien du Travail résiste
aux pressions et autres tentatives d'intimidation de ceux qui
entendaient bien voir se poursuivre partout dans le monde le business
du " magic mineral " : pressions des exploitants de mines
d'amiante représentés par la S.A. Mineraçao
de Amianto (SAMA), du Comité Permanent Amiante
français et surtout de l'Ambassade du Canada, affirmant
ainsi clairement le rôle prépondérant joué
par ce pays dans la défense, sur tous les continents, de
l'utilisation de la fibre tueuse.
Le lobby canadien,
qui - dans une union sacrée pour défendre son industrie
minière et ses exportations porteuses de mort - rassemble, au
nom du patriotisme économique, industriels, gouvernements
fédéral et québécois, ainsi que certains
syndicats, n'apprécie guère les empêcheurs de
faire du business en rond. Il ne va pas tarder à se manifester
de nouveau.
Le réseau Ban
Asbestos prend pied ici et là, d'un continent à
l'autre, et commence à rassembler les énergies. Les
partenaires s'appellent :
Swedish Metalworkers'Union
(Suède), Japan Citizens' Network for Wiping out of
Asbestos (Japon), Medicina Democratica (Italie), Associazione
degli Esposti all' Amianto (Italie), Bureau technique syndical
européen pour la santé et la
sécurité (Bruxelles), The Society for the
Prevention of Asbestosis and Industrial Diseases (G.B), Hull
Asbestos Action Group (G.B),Clydeside Action on Asbestos (G.B),
White Lung Association (USA), Asbestos Victims Special Fund
Trust (USA), Bond Beter Leefmilieu (Belgique), Alianza frente
al Asbesto (Pérou)
Difficilement
supportable pour le lobby et pour son centre nerveux canadien,
l'Institut de l'Amiante, qui publie dès 1994 un
document intitulé : "Ban Asbestos : une supercherie de
fanatiques". De ce texte on citera simplement cette phrase :
"La poursuite aveugle des buts exposés dans le manifeste du
mouvement Ban Asbestos risque d'imposer des coûts
énormes à la société et exposerait
inutilement le public et les travailleurs à un risque plus
élevé". Et l'on se posera simplement la question :
existe-t-il un " risque plus élevé " que les
millions de morts causés par l'amiante de par le monde, dont
l'Institut de l'Amiante semble ne jamais avoir entendu parler
?
L'action de BAN en France et en Europe :
un mouvement s'organise
Ces
années-là, la bataille fait rage en France, pays qui
occupe une place centrale dans la stratégie mise en uvre
par le lobby de l'amiante. Ce dernier ne se vante-t-il pas d'avoir
torpillé toute évolution de la législation
européenne vers une interdiction du matériau par
l'intermédiaire du tristement célèbre
Comité Permanent Amiante (CPA), fleuron de la
désinformation à la française ? Saint-Gobain,
qui contrôle une partie de l'extraction minière de
l'amiante au Brésil, n'est-elle pas une des fiertés du
capitalisme à la française ?
Le 25 août
1994 Ban Asbestos publie un communiqué de presse en
réaction à la mort d'un sixième enseignant du
Lycée professionnel de Gérardmer dans les Vosges, dont
la cause semble imputable à la présence d'amiante dans
les plafonds de l'établissement.
Extrait : " Bien
que les différents Ministères concernés, et en
particulier celui de l'Education nationale, aient été
alertés dès début 1992, ainsi que le Conseil
supérieur d'Hygiène publique de France, un recensement
exhaustif des bâtiments floqués n'a toujours pas
été mené à bien sur l'ensemble du
territoire. Aucun plan de prévention impliquant une
évaluation correcte des risques n'a été mis en
uvre. Le prétexte invoqué est toujours le
même : il ne faut pas affoler "inutilement " la
population
(
)Y a t'il encore quelqu'un responsable de la
Santé Publique en France ? "
Il devient
désormais impossible au lobby de l'amiante d'endiguer la
déferlante qui s'annonce. En février 1996, Ban Asbestos
participe en tant que membre associé à la
création de l' Association Nationale de Défense des
Victimes de l'Amiante (ANDEVA). Les Pouvoirs Publics doivent se
résoudre à interdire enfin l'amiante dans notre pays,
mesure annoncée le 3 juillet 1996 et effective à
compter du 1er janvier 1997.
Dans un
communiqué en date du 5 juillet de la même année,
le réseau BAN souligne que "les coûts de la
reconversion et de l'indemnisation des victimes doivent incomber
à l'industrie" avant de demander que "la France
soutienne désormais un projet de directive européenne
d'interdiction de l'amiante dans les pays de la CEE et que soit
introduite dans la réglementation commerciale internationale
une clause imposant aux firmes transnationales d'appliquer les
réglementations en vigueur dans la CEE".
Chez les marchands
de mort, on s'inquiète de l'évolution de la situation.
Le 22 juillet 1997, l'Institut de l'amiante canadien réagit
dans un mémorandum avec un seul mot d'ordre : "minimiser
l'impact de la décision française en Europe et au
niveau international"
. Non sans au passage
reconnaître l'efficacité de notre travail : "The
French government's decision underscores the effectiveness of the Ban
Asbestos movement. It is expected that Ban Asbestos will move quickly
in other countries in order to capitalize on its recent success in
France" ("la décision du gouvernement français
témoigne de l'efficacité du mouvement Ban
Asbestos. On peut s'attendre à ce que ce mouvement
s'étende rapidement à d'autres pays afin de capitaliser
son récent succès en France") .
La bataille se
déroule effectivement désormais au plan européen
où BAN multiplie contacts et rencontres : le 13 mars 1997
séance de travail sur l'interdiction de l'amiante en Europe au
Parlement européen de Strasbourg avec le député
vert Paul Lannoye ; en juillet 97, contribution à la
conférence nationale de l'AEA italienne à Milan. Pour
autant le réseau ne néglige pas ce qui se passe dans
l'hexagone et de premiers échanges permettent rapidement de
comprendre l'importance de ce qui deviendra " l'affaire du
CMMP
d'Aulnay sous Bois ".
Le Canada et les organisations
internationales
L'été
1997 va être marqué par une offensive du lobby de
l'amiante avec la tentative d'instrumentaliser les organisations
internationales :des scientifiques sont sollicités pour la
relecture de chapitres d'un rapport de l'OIT (Organisation
Internationale du Travail) intitulé " Exposition aux fibres
naturelles et synthétiques ". En fait le rédacteur du
chapitre sur l'amiante n'est autre que Jacques Dunnigan, qui a
été longtemps porte-parole de l'Institut de l'amiante
au Québec et l'éditeur en charge de ce travail n'est
pas un inconnu pour tous ceux qui suivent ce dossier de près :
il s'agit de Graham Gibbs, défenseur acharné et de
longue date de l'industrie de l'amiante
La conclusion du
chapitre est donc sans surprise : " Il n'y a pas de risque
excessif pour les travailleurs manipulant de l'amiante chrysotile aux
niveaux d'exposition actuellement contrôlés ".Devant
le refus de beaucoup de scientifiques de voir leur nom associé
à cette manuvre et la protestation de nombre de
syndicats, le rapport sera stoppé. Le rôle de veille de
BAN, associé à d'autres réseaux de par le monde,
voit son importance confirmée avec la mise en échec de
cette manipulation vraisemblablement engagée dans la
foulée d'une Conférence sur l'amiante organisée
au Brésil en mai 1994 par les industriels pour contrer les
effets de notre colloque de mars 1994.
Mais le Canada ne se
décourage jamais : il tient à rester dans le peloton de
tête des marchands de mort. Aussi attaque-t-il la
décision française d'interdiction devant l'Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) en mai 1998 avec pour objectif
déclaré de " maintenir l'accès au
marché pour les produits à base de chrysotile dont
l'usage est sans risque quand il est utilisé correctement
". Ce sera désormais une constante dans la
stratégie canadienne de pression tous azimuths : essayer
d'accréditer l'idée que le chrysotile (amiante blanc)
est inoffensif en comparaison des autres variétés
d'amiante (comme la crocidolite ou amiante bleu). L'Institut de
l'Amiante sera d'ailleurs débaptisé et deviendra
l'Institut du Chrysotile
La ficelle est grosse : le chrysotile
représente environ 90% de l'amiante produit et utilisé
dans le monde. Il s'agit donc pour le lobby de sauver l'essentiel en
se livrant à la désinformation la plus grossière
puisque toutes les variétés d'amiante sont reconnues
comme cancérogènes.
Vers une interdiction européenne de
l'amiante
En cette
année 1998 rien n'est encore joué au plan
européen et l'offensive canadienne vise à
empêcher l'Europe de basculer à son tour. Raison de plus
pour ne pas faiblir ! En juin 1998 le réseau organise une
réunion au Parlement Européen à Bruxelles qui
rassemble parlementaires européens et représentants
d'associations, de syndicats et de mouvements. L'objectif est de
faire le point sur l'état d'avancement du projet de directive
d'interdiction totale de l'amiante en Europe et de tout faire pour
qu'il aboutisse. Laurie-Kazan Allen, qui publie depuis le
début des années 90 la Ban
Asbestos Newsletter, apporte alors
une nouvelle impulsion à BAN en favorisant le rassemblement
des différents réseaux déjà
engagés dans la lutte contre l'amiante.
De cette rencontre
va naître en 1999 IBAS (International
Ban Asbestos Secretariat)
C'est une instance d'information et d'appui au réseau.
Celui-ci demeure ce qu'il est depuis la Déclaration de Sao
Paulo : un réseau informel permettant l'échange
d'information, la solidarité et le soutien aux actions de tous
ceux qui luttent pour un bannissement mondial de l'amiante et pour
que justice soit rendue aux victimes. Désormais Laurie
Kazan-Allen sera l'infatigable animatrice d'IBAS. C'est en 1999 que
l'Union Européenne décide de l'interdiction de
l'amiante dans tous les Etats membres, cette interdiction devant
être effective en 2005.
Toujours en 1999,
BAN intervient dans la controverse devant l'OMC en envoyant une
lettre à la Division du Commerce et de l'Environnement pour
dénoncer le mythe de l'usage contrôlé de
l'amiante et les mensonges propagés par le Canada dans son
argumentaire.
Le mouvement international pour
l'interdiction de l'amiante s'étend
L'année 2000
va être marquée par deux évènements : du
17 au 20 septembre se tient à Osasco au Brésil une
Conférence internationale contre l'amiante. Après Milan
en 1993 et Sao Paulo en 1994, cette rencontre est un nouveau temps
fort de l'action de BAN. La ville d'Osasco n'a pas été
choisie au hasard :elle a été pendant longtemps le
centre d'une industrie brésilienne de l'amiante-ciment
dominée par Eternit ( groupe suisse) et Brasilit (filiale de
Saint-Gobain).
Des dizaines de
délégations sont présentes, venues d'Afrique du
Sud, du Pérou, d'Argentine, du Chili, du Mexique, des
Etats-Unis, du Canada, de Grande-Bretagne, d'Italie, du Portugal,
d'Inde, de Malaisie, du Japon, de Chine, d'Australie, etc
à l'invitation de l'ABREA (Association
Brésilienne des Anciens Exposés à
l'Amiante), de BAN et d'IBAS. En
présence des pouvoirs publics de la ville d'Osasco, ces
délégations mêlent syndicalistes,
médecins, hygiénistes, militants associatifs et
politiques, travailleurs sociaux, écologistes,
épidémiologistes et surtout victimes et salariés
exposés. Cette rencontre consacre une manière de
construire une expertise collective par le partage des savoirs des
uns et des autres et de repartir plus forts afin d'atteindre les
objectifs fixés : dénoncer les stratégies de "
double-standard " des multinationales européennes (Eternit et
Saint-Gobain), faire reconnaître les droits des victimes,
obtenir des pouvoirs publics qu'ils gèrent l'amiante en place
sans dommage pour la santé publique et enfin progresser vers
l'interdiction mondiale de l'amiante. A l'issue de cette
Conférence, la municipalité d'Osasco annonce que
l'amiante est désormais banni sur sa commune. Un petit pas de
plus
En septembre 2000,
l'OMC rejette la plainte que le Canada avait déposé
contre la France en considérant que l'interdiction
était une entrave illégale à la liberté
du commerce
Le Canada décide de faire appel.
Sur cette
lancée l'année 2001 promet d'être animée
et elle va l'être. Tour à tour l'Angleterre, la
Belgique, la Hollande et l'Ecosse accueillent des rencontres
permettant de renforcer la solidarité entre des participants
venus de pays et de continents différents. Le 4 juin 2001
à Brighton, l' AG du syndicat anglais le plus engagé
dans la lutte contre l'amiante (GMB's : General Municipal and
Boilermaker's Union) est l'occasion de réaffirmer la
nécessité d'une action internationale
d'envergure.
Les 7 et 8 juin 2001
à Bruxelles, plus de 40 délégués venus
d'une vingtaine de pays (dont beaucoup d'Europe de l'Est) se
retrouvent à l'initiative d'IBAS et de l'ABEVA
(Association
Belge des Victimes de l'Amiante) .Ce
séminaire permet aux participants de comparer et d'analyser
les situations dans leurs pays respectifs et de faire pression pour
que l'amiante ne disparaisse pas de l'agenda européen.
Grâce aux témoignages des représentants de
Lituanie, Pologne, Roumanie, Hongrie, Bulgarie et Slovaquie,
l'étendue du désastre sanitaire que l'amiante a
provoqué dans les pays d'Europe de l'Est devient palpable, son
invisibilité étant due à la non-reconnaissance
des maladies. Des nouvelles du Brésil permettent de mesurer "
l'effet-domino "qui fait gagner du terrain à l'interdiction :
les quatre Etats les plus industrialisés et bon nombre de
villes sont gagnées mais toujours pas d'interdiction nationale
en vue
Enfin l'analyse par Barry Castleman de la controverse
Canada - France devant l'OMC met en évidence les pratiques
anti-démocratiques tant de cette organisation que de son
Organisme de Règlement des Différends (ORD) sur fond
d'installation en catimini d'un véritable " gouvernement
mondial " où les firmes transnationales dictent leur
loi.
Deux autres
réunions se tiennent également, l'une à
Rotterdam en présence de députés, de juristes,
de victimes et de chercheurs, l'autre à Glasgow
,véritable ville-témoin du désastre sanitaire
causé par l'amiante dans une région, l'Ecosse,
marquée par une longue histoire de chantiers navals et
d'industrie lourde.
Mais l'Europe n'est
pas la seule à bouger. Toujours en 2001 se déroule en
octobre à Buenos Aires une rencontre latino-américaine
sur l'amiante organisée par le Ministère argentin de la
Santé avec le soutien de l'OMS, de l'ABREA et d'IBAS. Marquant
la naissance d'un Forum Latino-Américain permanent ayant pour
objectif l'élimination de l'amiante sur l'ensemble du
Cône Sud, elle va permettre de faire le point sur une situation
très variable d'un pays à l'autre. Le Chili interdit
l'amiante en juillet 2001,suivi bientôt par l'Argentine, mais
certains pays continuent de l'utiliser sur leur marché
intérieur alors que dans le même temps ils l'ont
remplacé par des produits de substitution pour
l'exportation
Derrière ce constat, on retrouve comme
toujours l'inacceptable logique du transfert des risques des pays
dits " développés " vers ceux du " Tiers monde ". On
retrouve également les habituelles pressions du Canada pour
tenter d'empêcher toute décision d'interdiction, au
Chili en particulier, mais ce n'est pas un scoop
Pendant que le
mouvement se renforce d'un continent à l'autre, une importante
nouvelle est tombée en mars 2001 : l'organe d'appel de l'OMC
confirme que la plainte du Canada contre la France n'était pas
fondée. Selon le rapport, toutes les variétés
d'amiante sont cancérogènes et le chrysotile ne peut
être considéré comme analogue aux produit de
substitution. Une belle victoire pour un mouvement social
réunissant victimes, scientifiques, chercheurs,
professionnels, syndicalistes et simples citoyens.
La mondialisation des luttes
L'année 2002
va s'ouvrir sur une première de taille : les 7500 mineurs
sud-africains qui avaient porté plainte contre la
multinationale anglaise Cape et bataillaient depuis 1997 afin que
soient reconnues les conséquences dramatiques sur leur
santé de l'exploitation des mines d'amiante sud-africaines,
obtiennent gain de cause avec 21 millions de livres de
réparation. C'est la fin du premier grand procès
international de l'amiante.
Au cours des
années suivantes, l'affrontement se poursuit sans répit
d'un continent à l'autre entre le lobby pro-amiante
emmené par le Canada bien sûr, mais aussi la Russie et
la Chine, et tous ceux pour qui la santé publique passe bien
avant les impératifs du commerce international.
Les
Conférences se succèdent comme celle d'Ottawa du 12 au
14 septembre 2003 : " L'amiante canadien : une
préoccupation mondiale ". Un véritable coup de pied
dans la fourmilière, dans un pays qui figure parmi le trio de
tête des producteurs mondiaux d'amiante et cela ne manque pas
de faire réagir violemment le lobby contesté au
cur même de son territoire. La présentation des
résultats de la première enquête
épidémiologique sur les maladies liées à
l'amiante (cancers et mésothéliomes), menée par
Louise De Guire de l'INSP du Québec, ouvre une brèche
dans le mur du silence qui empêche tout débat sur ce
sujet et pour la première fois des Canadiens, y compris des
syndicalistes, désavouent publiquement la position
pro-chrysotile du gouvernement canadien. Quelques mois plus tard, le
5 décembre, se tiendra une réunion historique donnant
le jour à la première association de victimes dans ce
pays, Association des Victimes de l'amiante du Québec
(AVAQ) .
Au début de
l'année 2004, la situation devient très tendue au
Brésil avec la violente mise en cause de notre amie, Fernanda
Giannasi, inspectrice du travail dans l'Etat de Sao Paulo et
bête noire des industriels. L'interdiction de l'amiante dans
quatre Etats et 70 municipalités du pays est
intolérable pour eux. Lettre anonyme, mise au placard,
menaces
Il faudra une campagne internationale de soutien pour
que l'administration brésilienne redonne à F.Giannasi
une certaine liberté d'action. Et le 26 Août 2004, suite
à une action en justice du Ministère Public de
São Paulo (équivalent du parquet), Eternit est
condamné à indemniser ses employés malades de
l'amiante au Brésil. Ce jugement s'applique à tous les
employés et ex-employés d'Eternit au
Brésil. Plus de 2000 personnes sont concernées et le
montant total des indemnisations pourrait atteindre 500 millions de
reais (environ 160 millions €). Il s'agit d'une importante
victoire pour les victimes de l'amiante au Brésil. Il faut,
toutefois, noter que cette décision ne s'applique pas aux
victimes d'autres compagnies, comme par exemple Brasilit
(Saint-Gobain), même si on peut espérer que ce
jugement fasse jurisprudence.
Le mois de mai 2004
voit se dérouler une première réunion
internationale sur l'amiante en Pologne et une rencontre en Hollande
organisée par l'Association hollandaise des victimes de
l'amiante (Dutch Society for Asbestos Victims). Les questions
de prévention et d'indemnisation sont au centre des
débats. A l'automne c'est au Parlement européen que
sont abordées les questions liées à
l'interdiction programmée pour le premier janvier 2005 en
Europe :que va-t-il se passer avec les nouveaux pays intégrant
l'Union Européenne ? Où en est la prévention
?
A propos de
prévention, une autre bataille se déroule sur le
terrain de la Convention de Rotterdam qui oblige les producteurs de
produits toxiques figurant sur une liste baptisée PIC
(Prior Informed Consent) et périodiquement
révisée à informer les Etats sur la
dangerosité de ces produits, et ce avant toute mise sur le
marché. En septembre 2004, l'inscription du chrysotile sur
cette liste est à l'ordre du jour. Canada, Russie et Chine
vont réussir à s'y opposer, une position
dénoncée par l'association des victimes du
Québec lors d'une conférence de presse.
Pour une interdiction mondiale de
l'amiante
Enfin en novembre
2004 le Congrès international de Ban Asbestos
(Global
Asbestos Congress) se tient au
Japon, événement particulièrement important sur
un continent où le lobby est à l'offensive partout pour
pérenniser l'usage de l'amiante(cf le congrès qu'il a
organisé en Inde en novembre 2003).Il réunit des
associations de 40 pays différents et près de 800
participants pour un bannissement mondial de l'amiante et pour que
justice soit rendue aux victimes. Il est aussi l'occasion d'attirer
l'attention sur l'intense propagande pro-amiante orchestrée
par le Canada aussi bien en Afrique qu'en Asie et en Amérique
latine pour faire prospérer le marché de
l'amiante-ciment. Il permet enfin de pointer le développement
d'un autre marché, celui du démantèlement des
navires par des chantiers navals asiatiques où les
travailleurs enlèvent l'amiante sans aucune protection. Les
pays de l'Union européenne se permettent ainsi de
dégager leur responsabilité en contrevenant aux
règlements internationaux, notamment la Convention de
Bâle, qui interdisent l'exportation de déchets toxiques.
L'affaire du Clemenceau en fournira l'exemple parfait.
Mais la lutte ne se
déroule pas que dans les salles de conférence ou par
voie de presse. Ainsi en Egypte une lutte oppose fin 2004 les
ex-ouvriers de l'usine de canalisations en fibrociment
Ura-Misr au propriétaire et aux directeurs successifs :
surexploitation des ouvriers, absence de protection pour le
déchargement quotidien de 36 tonnes d'amiante et pour le
travail au mélangeur, absence d'information, dissimulation des
radios et examens de santé
Maladies et
décès ne tardent pas à frapper avant que
n'interviennent des licenciements abusifs, tandis que des salaires
restent impayés depuis septembre 2004. Les ouvriers se battent
pour la reconnaissance de leurs maladies professionnelles et
l'obtention d'indemnisations. BAN se joindra à la campagne de
soutien organisée par Réseau-Solidarité de la
fédération Peuples Solidaires.
Le premier janvier
2005 l'interdiction de l'amiante devient effective dans tous les
Etats membres de l'Union Européenne. C'est cette même
année qu'éclate l'affaire de la " coque Q 790 " c'est
à dire de l'ex
porte-avions Clemenceau. Une longue
bataille navale s'engage qui va mobiliser l'énergie de tout le
réseau au plan international, l'enjeu n'étant rien
d'autre que la fin de la Convention de Bâle. Elle trouvera son
épilogue en 2006 et cette victoire mémorable sera riche
d'enseignements.
Les 22 et 23
septembre 2005 se tient une réunion au Parlement
européen à Bruxelles à l'initiative d'IBAS et de
parlementaires européens. Le démantèlement des
navires en fin de vie est à l'ordre du jour. Contact est pris
avec l'association Justice environnementale basée à
Genève ainsi qu'avec une association d'avocats bengalis qui
mènent un gros travail au Bangla Desh.
L'intervention du
Commissaire européen à l'Environnement, Stavros Dimas,
conforte notre analyse de la situation du Clemenceau : la coque Q 790
est bien un déchet, qu'il s'agisse d'un matériel
militaire n'y change rien, la France est tenue de respecter la
Convention de Bâle et la Directive européenne sur le
transport des déchets. Restera par la suite à explorer
la possibilité de déposer plainte contre les armateurs
qui continuent à agir en toute
illégalité.
En cette
année 2005 les choses bougent aussi en Suisse à
l'initiative du CAOVA (Comité
d'Aide et d'Orientation des Victimes de
l'Amiante).L'interdiction dans ce pays
a eu pour effet de faire retomber le silence sur la situation des
victimes et sur la gestion de l'amiante en place. Le CAOVA tente
d'organiser des plaintes collectives intégrant les
immigrés en particulier italiens qui ont travaillé dans
les usines suisses du groupe Eternit, mais aussi ceux qui ont
travaillé dans les établissements italiens.
L'enquête ouverte par le procureur de Turin avance et devrait
déboucher sur un procès mettant enfin en cause Stephan
Schmidheiny, magnat de l'amiante qui s'est refait un lifting
médiatique en investissant le marché du "
développement durable "
En 2006 c'est bien
sûr la date du 15 février qu'il faut retenir. En France,
ce jour-là, le Conseil d'Etat suspend la décision
d'autoriser l'envoi de la coque de l'ex Clemenceau vers la baie
d'Alang en Inde. Victoire considérable due à un certain
nombre de facteurs : le travail fait bien en amont par Jim Puckett du
Basel
Action Network et Martin Besieux
de Greenpeace international lors de la rédaction de la
convention de Bâle ; celui effectué par Greenpeace, la
FIDH et une association du Bengladesh, Young power in social
Action (YPSA),
sur les conditions de travail des ouvriers du
démantèlement des navires en Asie ; les liens
établis avec les " activistes " indiens notamment lors du
Global Asbestos Congress de Tokyo à l'automne 2004 ; le
soutien de l'ARDEVA Sud-Est, de la CGT de Toulon et des contacts de
Brest ; le travail remarquable du cabinet d'avocats
Teissonnière - Topaloff - Lafforgue en collaboration
avec Ban Asbestos-France ; la mobilisation de nombreux
journalistes ; la réactivité totale de tous les acteurs
de ce dossier mené au jour le jour ; la synergie des
compétences et des mobilisations, en France comme en Inde ;
enfin les bourdes de l'Etat français
Conséquence
de tout cela : la question de l'amiante est reposée de
manière spectaculaire en Inde, pièce maîtresse
dans la stratégie du lobby international et le mouvement
mondial pour l'interdiction de l'amiante repart de plus
belle.
Rien n'est
gagné cependant. En septembre 2006, une nouvelle
réunion pour la mise à jour de la liste PIC dans le
cadre de la Convention de Rotterdam ne permet pas de faire sauter le
verrou canadien, russe et chinois qui bloque l'inscription du
chrysotile sur cette liste. Rendez-vous pour la prochaine mise
à jour
En Asie, le débat continue à faire
rage, les conférences organisées étant
l'occasion de faire connaître notre point de vue, comme
à celle qui se tient à Bangkok en Thaïlande en
juillet 2006 et à laquelle participe Laurie Kazan Allen pour
IBAS.
Le combat continue
.
La bataille pour
l'interdiction mondiale de l'amiante lancée au
Séminaire de São Paulo en 1994 est loin d'être
terminée. Dans un premier temps, l'industrie a tenté
d'empêcher l'interdiction en France. Elle a perdu. Puis elle a
essayé de contenir cette interdiction au seul territoire
français. Sans succès. Elle mène maintenant des
batailles à retardement pour conserver notamment les
marchés d'Afrique, d'Asie et d'Amérique Latine. Ces
pressions prennent différentes formes mais s'inscrivent toutes
dans une stratégie de double-standard, dont l'affaire du
Clemenceau est la dernière illustration.
Le Canada reste en
pointe, avec son Institut du Chrysotile, pour défendre
ce qu'il considère comme une industrie d'intérêt
stratégique national, ce qui donne lieu à des
manifestations de " patriotisme économique " où tous
ceux qui dénoncent les dangers de l'amiante sont
présentés comme des agents manipulés par des
industries concurrentes (fabriquant des produits de substitution), "
étrangères " de surcroît, visant à faire
du tort à " l'intérêt national ". Le son de
cloche est le même au Brésil où, par ailleurs, on
assiste au développement d'une stratégie des
multinationales consistant à se retirer - partiellement ! - en
laissant aux opérateurs nationaux la gestion des sites
pollués et la confrontation avec le problème des
indemnisations à verser aux victimes.
Face à ces
manuvres destinées à retarder de quelques
décennies supplémentaires une interdiction mondiale de
l'amiante, un mouvement social sans précédent prend de
l'ampleur. Il y a urgence : l'Organisation Mondiale du Travail (OIT)
estime que le nombre de morts au travail causées par l'amiante
s'élève à plus de 100 000 morts par an et le
Docteur Jukka Takala de l'OIT affirme que cette évaluation
pourrait être sous-estimée de 40%
. En 2006, lors
de la 95e Assemblée générale, pour la
première fois, l'OIT s'est prononcée pour la fin de
l'usage de toutes les variétés d'amiante.
Patrick Herman, juin 2007